Film & Oldtimer – Point limite zéro (1971) – Dodge Challenger (1970-1974)

L’histoire : 

Kowalski travaille pour une société de livraison d’automobiles. Il doit convoyer une Dodge Challenger R/T de 425 chevaux depuis Denver dans le Colorado jusqu’à San Francisco, en Californie. Peu de temps après l’avoir récupérée, il fait le pari de la livrer à son destinataire en moins de 15 heures. Après quelques courses-pousuites avec les flics de la brigade motorisée, la patrouille routière du Colorado, de l’Utah et du Nevada le poursuit pour le stopper et le mettre en garde à vue. Sur le chemin, Kowalski est guidé par Supersoul, un DJ animateur de radio aveugle équipé d’un scanner lui permettant d’écouter les fréquences radio de la police. Au volant, son passé douloureux lui revient par bribes. Il revoit ainsi les dures années du Vietnam, puis des séquences de son ancien métier de pilote Nascar, enfin son entrée dans la police d’où il fut exclu pour avoir défendu une jeune toxicomane contre un de ses supérieurs… Peu à peu, le délit de ­fuite devient un acte politique. Kowalski ­roule pour tous les déclassés marginalisés par le système. Sa quête de liberté est la leur, sa rébellion contre le système aussi. Kowalski va rencontrer quelques personnages atypiques sur sa route, comme cette belle adepte de moto à poil qui lui propose de satisfaire tous ses désirs. Il devra aussi subir de nombreuses épreuves…

Point limite zéro, un chef d’œuvre de la contre culture américaine : 

Ce film de 1971, réalisé par Richard Sarafian et scénarisé par Guillermo Cain d’après une histoire de Malcolm Hart, est une étude fascinante de ces personnes que les anthropologues désignent parfois comme «êtres marginaux» – qui sont souvent des individus pris entre deux cultures puissantes et concurrentes, partageant certains aspects importants des deux, et, en tant que tels, restant tragiquement confinés dans une solitude existentielle souvent douloureuse. Ils habitent une sorte de zone crépusculaire quelque part entre «ici» et «là», une sorte de purgatoire peuplé de spectres qui ne trouvent ni paix ni place dans le quotidien, ce qui les pousse instinctivement à voyager vers des destinations obscures et inconnues.

Le disc-jockey Supersoul (Cleavon Little) et le convoyeur d’auto Kowalski (Barry Newman) sont deux de ces spectres, des hommes marginaux mais décents et intelligents, qui ne peuvent ou ne veulent pas vivre dans des cultures concurrentes en pleine expansion qui les ont trop peu épanouis en dépit de leurs propres sacrifices personnels. Kowalski lui-même a essayé de «s’intégrer» en tant que soldat et officier de police et, plus tard, a tenté de faire de même avec la contre-culture florissante de la fin des années 1960, mais il a découvert avec déception qu’elles étaient mues toutes deux par diverses formes de malhonnêteté ou de manque de sincérité intérieure. Car l’honneur personnel, la confiance en soi et le respect authentique – les valeurs de Kowalski – étaient tragiquement peu appréciés par l’une ou l’autre, malgré leurs prétentions altruistes.

De plus, ce n’est pas un hasard si le personnage de Newman a un nom de famille polonais ; Les Polonais ont créé, tout au long de leur histoire, une culture slave très riche et unique, basée en grande partie sur une telle «marginalité» – étant géographiquement bloqués entre deux puissants ennemis historiques, l’Allemagne et la Russie, et ne pouvant jamais s’identifier pleinement avec l’un ou l’autre ce qui engendra des moments difficiles pour eux. Ce n’est pas un hasard non plus si le personnage de Little est aveugle et noir, le seul de son genre dans une petite ville d’un désert américain – sa cécité augmentant sa détermination et sa capacité à lire dans l’esprit de Kowalski, sa voix diffusée par la radio étant le foyer de l’étincelle d’intérêt des déçus du rêve américain qui deviendra plus tard une explosion de dédain puisque Supersoul va se faire tabasser par des rednecks et voit son studio ravagé – toutes les caractéristiques d’un prophète se voyant injustement (mais typiquement) déshonoré sur ses propres terres.

L’environnement désertique joue également un rôle clé dans la consolidation de la relation personnelle entre ces deux hommes et leur destin respectif – pour paraphraser le romancier britannique J.G. Ballard, les prophètes ont d’une certaine manière émergé de déserts, car les déserts ont, en un sens, épuisé leur propre avenir (comme Kowalski l’avait déjà fait) et sont donc libres des concepts de temps et d’existence comme nous les connaissons traditionnellement (Comme Super Soul le savait instinctivement, créant ainsi son propre lien psychique avec le conducteur condamné). En quelque sorte, tout devient possible et pourtant, rien ne l’est…

Point limite zéro est aussi une histoire de «fin de siècle», un requiem unique pour un âge qui se meurt – l’époque maintenant révolue du Flower Power, de la liberté sur les routes, d’un choix de vie hors système dans un monde coloré de possibilités infinies, assaisonnées d’une importante variété de toutes sortes de personnages sortant de la norme ; de quoi nous donner la nostalgie de tout ce qui rendait les Etats-Unis uniques – et qui malheureusement a presque disparu là-bas, et n’a quasiment jamais existé dans notre vieille Europe étriquée.

Pony Cars & Muscles Cars :

Enfin, ce film est l’occasion d’évoquer les Pony cars qui sont une catégorie d’automobiles américaines inaugurée avec la Ford Mustang en 1964, comme les Chevrolet Camaro, Dodge Challenger, Mercury Cougar, Plymouth Barracuda et Pontiac Firebird. « Pony » désigne un cheval de petite taille (poney), comme c’est le cas du Mustang, à l’origine du nom de la célèbre automobile lancée par Ford.

Financièrement abordable, compacte et stylée avec une image sportive, la pony car est construite sur la base mécanique d’une voiture compacte de grande série. Elle est équipée d’une carrosserie spécifique et propose un choix de moteurs allant du six cylindres de moyenne cylindrée (2,8 litres) au V8 de grosse cylindrée (jusqu’à 7,4 litres). Chaque client peut ainsi disposer d’une voiture adaptée à son budget ou à sa façon de conduire, avec l’apparence d’un modèle de sport exclusif.

Quand elles sont équipées de moteurs de forte puissance (comme la Challenger R/T dans Point limite zéro ou la Ford Mustang Fastback dans Bulitt), de suspensions renforcées et de boîtes de vitesses adaptées, les pony cars deviennent des muscle cars.

Dodge Challenger (1970-1974)

Dodge Challenger RT 1970

C’est une pony car lancée en 1970, six ans après la Ford Mustang. Elle utilise un maximum de pièces communes avec la nouvelle Plymouth Barracuda, sa jumelle au sein du groupe Chrysler, dont elle partage la plate-forme Chrysler E-Body mais avec un empattement allongé de 51 mm et une carrosserie spécifique. Le dessin de la carrosserie est signé Carl « Cam » Cameron, le responsable du style extérieur ; la calandre de la Challenger 1970 s’inspire ainsi de ses propositions initiales pour la Charger, qu’il voulait doter d’un moteur turbo-compressé, ce qui explique sa ligne si caractéristique. La Challenger a été bien acceptée par le public (avec des ventes de 80.000 unités pour l’année 1970 seulement) malgré le fait qu’elle ait été critiquée par la presse et que le marché des pony car s’essoufflait déjà avant son arrivée. La puissance de ses moteurs, et donc ses performances ont été réduites. Sa production cesse avec le modèle de 1974, après une production de près de 165.500 exemplaires en cinq ans. Elle est devenue une icône de la culture automobile américaine et un modèle classique dont le style sert toujours de référence aux ingénieurs de Dodge.

Publicité d’époque : Dodge Challenger 1970

Voir sur YouTube : “Vanishing Point – Trailer (1971)” par WorleyClarence

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