Album – J.-J. Cale – Troubadour (1976)

On pourrait croire que l’expression “Laid back” a été inventée à son intention. Son style décontracté, sa voix nonchalante et la rareté de ses productions et de ses tournées justifient évidemment une telle appellation. Ce qui n’exclue pas le talent et le sien était immense. Il possédait à fond la science du thème amoureusement ciselé autour d’une partie de guitare sophistiquée. Sa musique est en partie du country rock teinté de blues empruntant parfois au jazz et à la soul, mais c’est aussi un art consommé et unique pour faire passer à son auditeur les sentiments et les émotions présentes en lui.

Clapton, un de plus ses grands admirateurs : 

Eric Clapton a proclamé que JJ Cale est l’une des figures les plus importantes de l’histoire du rock. L’influence de Cale sur Clapton a été profonde et, après des années d’admiration du travail de Cale et la reprise de plusieurs de ses chansons telles que “After Midnight” et “Cocaine”, les deux géants de la guitare ont finalement collaboré pour la première fois de leur carrière sur l’album original de 2006, The Road To Escondido. Ce projet a valu à Cale son premier Grammy Award pour le meilleur album de blues contemporain et sa première distinction de la RIAA certifié or. À l’époque, Clapton a déclaré: “C’est la réalisation de ce qui a été ma dernière ambition, de travailler avec l’homme dont la musique m’a inspiré depuis aussi longtemps que je me souvienne”.

Les débuts de JJ Cale : 

Né à Oklahoma City, mais élevé à Tulsa, dans l’Oklahoma, Cale a joué dans plusieurs groupes de rock’n’roll et de country alors qu’il était adolescent. En 1959, à l’âge de 21 ans, il déménagea à Nashville, où il fut embauché par la compagnie Grand Ole Opry. Après quelques années, il est retourné à Tulsa, où il s’est joint à Leon Russell et a commencé à jouer dans des clubs locaux. En 1964, Cale et Russell déménageaient à Los Angeles avec un autre musicien local de l’Oklahoma, Carl Radle. À cette époque, le nom de JJ Cale lui est donné par un des propriétaires du club « Whisky a Go Go » (situé à Hollywood) pour le différencier de son homonyme John Cale du Velvet Underground. Il gardera ce nom de scène pour la suite de sa carrière. Peu de temps après son arrivée à Los Angeles, Cale commence à jouer avec Delaney et Bonnie. Il joue avec ce duo pendant un bref moment, et commence une carrière solo en 1965. Cette année là, il écrit la première version d’ “After Midnight”, qui deviendra sa chanson la plus célèbre. Vers 1966, Cale formait le groupe Leathercoated Minds avec l’auteur-compositeur Roger Tillison. La même année, le groupe sort un album psychédélique appelé A Trip Down.

Tulsa et le succès : 

Décidant qu’il ne pourrait pas forger sa carrière à Los Angeles, Cale retourne à Tulsa en 1967. Dès son retour, il a commence à jouer dans les clubs locaux. En un an, il avait enregistré une série de démos. Carl Dean Radle (un ami bassiste de rock) se procure une copie des démos et la transmet à Denny Cordell, qui a fondé un label appelé Shelter avec Leon Russell. JJ Cale signe avec Shelter en 1969. L’année suivante, Eric Clapton enregistre “After Midnight” et rentre dans le Top 20 américain fournissant ainsi à Cale une  forte exposition médiatique. En décembre 1971, Cale sort son premier album, Natureally, chez Shelter Records ; “Crazy Mama” rentre au Top 40, ainsi qu’une version ré-enregistrée d’ “After Midnight”, qui atteint presque le Top 40 et “Call Me the Breeze”, que Lynyrd Skynyrd reprendra plus tard. Cale sort ensuite Really, dont est extrait le single “Lies”, un peu plus tard cette même année.

Suite à la sortie de Really, J.J. Cale adopte un rythme de travail lent, sortant un album tous les deux ans environ. Okie, son troisième album, sort en 1974.

Okie (1974) : À cette époque, JJ Cale vit dans l’Oklahoma (d’où le nom de l’album) et enregistre à Nashville, dans le Tennessee. Son regard porte sur des collines douces qui ont vu passer les émigrants des années 30, chantés par Woody Guthrie. De son aîné, il a la voix trainante, marquée de quelques inflexions sudistes. Mais au contact de Nashville, il a mis du country dans son blues. Toujours avec ce petit côté semi-détaché, cette absence qui le rend paradoxalement si présent, si vivant, cette pudeur dans l’émotion qui la fait nous toucher encore plus profondément. Cet album contient deux morceau fameux : “Rock’n’roll records” et “Cajun Moon” qui seront reprises sur son best of.

Troubadour (1976) : Il contient “Hey Baby”, mais aussi “Cocaïne” ainsi que “Travelin’ Light” reprises toutes deux par Eric Clapton, la première en 1977 sur l’abum Slowhand, la seconde en 2001 sur l’album Reptile. C’est le disque qui a fait connaître JJ Cale au grand public. À ce stade, Cale s’est installé dans une carrière confortable en tant qu’artiste reconnu dont de nombreux chanteurs vont s’arracher les compositions (voir la liste non exhaustive plus bas).

Un album de plus sur Shelter Records, Number 5, est sorti en 1979, puis JJ Cale change de Label et signe chez MCA en 1981. MCA ne publiera qu’un album (Shades en 1981) et Cale part alors chez Mercury Records l’année suivante, avec la sortie de l’album Grasshopper (1982).

En 1983, Cale sort son huitième album, Number 8. Cet album est son premier à ne pas être classé dans les Charts. Après sa sortie, Cale quitte Mercury et entre dans une longue période d’isolement, réapparaissant à la fin de 1990 avec Travel Log, qui est publié sur le Label britannique indépendant Silvertone. L’album sort en Amérique l’année suivante. Number 10 sort en 1992. L’album ne marche pas non plus, mais JJ Cale garde son aura d’artiste de culte. Il signe enfin chez Virgin en 1994, et lance Closer to You la même année suivi de Guitar Man en 1996.

Cale revient à l’enregistrement en 2003, et sort To Tulsa and Back en 2004 sur le label Sanctuary et The Road to Escondido, un disque collaboratif avec Clapton, en 2006 chez Reprise. Roll On est paru en 2009 chez Rounder Records.

Neil Young, Eric Clapton, Lynyrd Skynyrd, John Mayer, Johnny Cash, Santana, The Allman Brothers, The Band, Beck, George Thorogood and The Destroyers, Tom Petty and The Heartbreakers, Deep Purple, John Mayall et beaucoup d’autres ont repris sa musique intemporelle. Malgré cela, JJ Cale a réussi à rester en dehors du courant dominant et du système du show business.

En Juillet 2013, JJ Cale meurt d’une crise cardiaque dans un hôpital du quartier de La Jolla à San Diego, Californie, à l’âge de 74 ans.

Discographie :

1972 : Naturally
1972 : Really
1974 : Okie
1976 : Troubadour
1979 : N°5
1980 : Shades
1982 : Grasshopper
1983 : N°8
1990 : Travel-Log
1992 : N°10
1994 : Closer to You
1996 : Guitar Man
2004 : To Tulsa and Back
2006 : The Road to Escondido (avec Eric Clapton)
2007 : Rewind: The Unreleased Recordings
2009 : Roll On

Voir sur YouTube : “JJ Cale & Leon Russell at the Paradise Studios, LA 1979” par austinpickers et “Eric Clapton & JJ Cale – Call Me Breeze HD” par Fabio Mucke

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