Disque – Georges Brassens – Fernande (1972)

L’enfance : Georges Brassens est né dans un quartier populaire du port de Sète. Sa mère, dont les parents sont originaires de Marsico Nuovo dans la région de Basilicate en Italie du Sud, est une catholique d’une grande dévotion. Le père de Georges est un homme paisible, généreux, libre-penseur, anticlérical et doté d’une grande indépendance d’esprit. Deux caractères très différents qu’une chose réunit : le goût de la chanson. D’ailleurs, tout le monde chante à la maison. Sur le phonographe : les disques de Mireille, Jean Nohain, Tino Rossi ou Ray Ventura et ses Collégiens.

Selon le souhait de sa mère, Georges commence sa scolarité, à l’âge de 4 ans, dans l’institution catholique des sœurs de Saint-Vincent. Il en sort deux ans après pour entrer à l’école communale, selon le désir de son père. À 12 ans, il entre au collège. Georges est loin d’être un élève studieux. Afin que son carnet de notes soit meilleur, sa mère lui refuse des cours de musique. Il ignorera donc tout du solfège, mais cela ne l’empêche pas de griffonner des chansonnettes sur ses premiers poèmes.

En 1936, il s’ouvre à la poésie grâce à son professeur de français, Alphonse Bonnafé. À la poésie et à la chanson populaire s’ajoute sa passion pour les rythmes nouveaux, venus d’Amérique, qu’il écoute à la TSF : le jazz. En France, Charles Trenet conjugue tout ce qu’il aime.

Années 40 : Suite à une affaire de vol en 1939, il écope d’une condamnation à une peine d’emprisonnement avec sursis. Il ne retournera pas au collège. Il passe l’été reclus dans la maison (il se laisse pousser la moustache). Le 3 septembre, la guerre contre l’Allemagne est déclarée. Il pourrait devenir maçon, auprès de son père, mais, peine perdue, il ne se satisfait pas de cette perspective. Il persuade ses parents de le laisser tenter sa chance à Paris et partir de Sète, où sa réputation est ternie à la suite de cette histoire. En février 1940, Georges est hébergé, comme convenu avec ses parents, chez sa tante, dans le 14e arrondissement. Chez elle, il y a un piano. Il en profitera pour maîtriser l’instrument à l’aide d’une méthode, malgré sa méconnaissance du solfège.

En février 1943, l’Allemagne nazie impose au gouvernement de Vichy la mise en place d’un service du travail obligatoire (STO). Georges, 22 ans, est convoqué à la mairie du 14e arrondissement où il reçoit sa feuille de route pour Basdorf. En mars 1944, Georges Brassens bénéficie d’une permission de quinze jours. C’est une aubaine à saisir : il ne retournera pas en Allemagne.

À Paris, il lui faut trouver une cachette car il est impossible de passer à travers les filets de la Gestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche, de trente ans son aînée, accepte d’héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9, impasse Florimont. Georges s’y réfugie, le 21 mars 1944, en attendant la fin de la guerre. « J’y étais bien, et j’ai gardé, depuis, un sens de l’inconfort tout à fait exceptionnel. »

Années 50 : En 1951, Brassens rencontre Jacques Grello, chansonnier et pilier du Caveau de la République qui, après l’avoir écouté, lui offre sa propre guitare et lui conseille, plutôt que du piano, de s’accompagner sur scène avec cet instrument. Ainsi « armé », il l’introduit dans divers cabarets pour qu’il soit auditionné. Alors, il compose d’abord sur piano ses chansons qu’il transcrit pour guitare.

Sur scène, Brassens ne s’impose pas. Intimidé, paralysé par le trac, suant, il est profondément mal à l’aise. Il ne veut pas être chanteur, il préférerait proposer ses chansons à des chanteurs accomplis, voire à des vedettes de la chanson. Il se produit alors dans quelques cinémas parisiens, tel le Batignolles, rue La Condamine, où, entre les actualités et le film, il interprète trois de ses premiers succès, Le Parapluie, Chanson pour l’Auvergnat et Le Gorille.

La rencontre avec Patachou : Après plusieurs auditions infructueuses, Brassens est découragé. Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, journalistes du magazine Paris Match, viennent le soutenir et tentent de l’aider, dans la mesure de leurs moyens. Ils lui obtiennent une audition chez Patachou, le jeudi 24 janvier 1952, dans le cabaret montmartrois de la chanteuse. Le jour dit, et au bout de quelques chansons, Patachou est conquise. Enhardi, Brassens lui propose ses chansons. Elle ne dit pas non et l’invite même à se produire dans son cabaret dès que possible. Les jours suivants, malgré son trac, Georges Brassens chante effectivement sur la scène du restaurant-cabaret de Patachou. Pour le soutenir, Pierre Nicolas, bassiste dans l’orchestre de la chanteuse, l’accompagne spontanément.

Quand Patachou parle de sa découverte, elle ne manque pas de piquer la curiosité du directeur du théâtre des Trois Baudets, Jacques Canetti, également directeur artistique pour la firme phonographique Philips. Le 9 mars 1952, il se rend au cabaret Chez Patachou pour écouter le protégé de la chanteuse. Emballé, il convainc le président de Philips de lui signer un contrat. Le quotidien France-Soir, des 16-17 mars, proclame en gros titre : « Patachou a découvert un poète ! »

Le premier disque : Le 19 mars, l’enregistrement du Gorille et du Mauvais sujet repenti s’effectue au studio de la Salle Pleyel. Certains collaborateurs, offusqués par Le Gorille, s’opposent à ce que ces chansons sortent sous le label de Philips. Une porte de sortie est trouvée par le biais d’une nouvelle marque qui vient d’être acquise : Polydor. D’avril à novembre, neuf chansons sortiront sur disques 78 tours.

Le 6 avril, Brassens fait sa première émission télévisée à la RTF. Il chante La Mauvaise Réputation devant le public de l’Alhambra. Du 28 juillet au 30 août, il fait sa première tournée en France, en Suisse et en Belgique, avec Patachou et Les Frères Jacques.

Il est engagé à partir du mois de septembre aux « Trois Baudets » ; le théâtre ne désemplit pas. En 1953, tous les cabarets le demandent et ses disques commencent à bien se vendre.

En 1954, c’est au tour de l’Olympia (du 23 février au 4 mars et du 23 septembre au 12 octobre). Pour cette grande scène, il fait appel à Pierre Nicolas pour l’accompagner à la contrebasse, marquant ainsi le début d’une collaboration qui durera presque trente ans.

Années 60 : Dix ans se sont écoulés depuis la parution de son premier album — neuf ont paru, quatre-vingts chansons ont été enregistrées. Pour marquer cet anniversaire, un coffret de six 33 tours 30 cm, Dix ans de Brassens, est mis en vente. Le 6 novembre, Georges Brassens se voit honoré pour cet ouvrage, par l’Académie Charles-Cros, en recevant le Grand Prix international du disque 1963 des mains de l’écrivain Marcel Aymé.

Souffrant de calculs rénaux depuis plusieurs mois déjà, les crises de coliques néphrétiques deviennent plus aigües. Il subit une opération des reins à la mi-janvier. Après une longue convalescence, il est à nouveau sur les planches de Bobino en septembre.

Les Copains d’abord : Le film d’Yves Robert, Les Copains, sort en 1965. Pour le générique, Brassens a composé une chanson : Les Copains d’abord. Le succès qu’elle rencontre est tel qu’il rejaillit sur les ventes de son premier album 33 tours 30 cm et sur son triomphe à Bobino (du 21 octobre au 10 janvier 1965).

Le 24 octobre 1969, avec son ami Fallet, il est au chevet de Jeanne, qui meurt faute d’avoir pu surmonter le choc de son opération de la vésicule biliaire. Elle avait 77 ans.

Le 6 janvier 1969, à l’initiative du magazine Rock & Folk et de RTL, Georges Brassens, Léo Ferré et Jacques Brel sont invités à débattre autour d’une table. Ce moment est immortalisé par le photographe Jean-Pierre Leloir.

Cette année-là, il franchit les limites du 14e arrondissement pour emménager dans une maison du quartier Saint-Lambertnote 25, dans le 15e arrondissement. Bobino l’attend à nouveau à partir du 14 octobre.

En décembre, pour satisfaire à la demande de son ami sétois, le cinéaste Henri Colpi, il enregistre la chanson écrite par ce dernier avec une musique composée par Georges Delerue pour illustrer le film dans lequel joue Fernandel : Heureux qui comme Ulysse.

Années 70 : Brassens a 50 ans et vingt ans de carrière. Un autre tour de chant l’attend à Bobino avec Philippe Chatel, Maxime Le Forestier, Pierre Louki, en alternance (10 octobre 1972 au 7 janvier 1973). En 1972, avec la chanson “Mourir pour des idées” tirée de son album Fernande, il répond aux réactions mitigées envers sa chanson Les Deux oncles, où il s’était mis dans une position délicate, en attaquant de front la guerre et les belliqueux, dans un contexte bien précis, celui de la guerre 39-45. Il tente de montrer à ses deux oncles, un collaborateur et un résistant qui sont morts au combat, que tout le monde a oublié ce pour quoi ils se sont battus et que cela ne sert à rien de s’engager dans une guerre. Cette opinion vaudra à Brassens d’essuyer les foudres de la presse.

Le 30 octobre 1972, il participe à une soirée spéciale contre la peine de mort au Palais des sports de Paris. À partir du 14 janvier 1973, il entame ses dernières tournées françaises. Il passe au théâtre municipal de Sète, le 13 avril 1973. Cette année-là, il fait son entrée dans Le Petit Larousse.

Répondant à l’invitation de Colin Evans, professeur de français à l’University College de Cardiff, en Pays de Galles, Brassens donne deux récitals au Shermann Theatre le 28 octobre 1973.

Le 19 octobre 1976, il s’installe à Bobino pour cinq mois. Il présente les nouvelles chansons de son dernier album, dont celle qui lui donne son nom : Trompe-la-mort. « C’est pas demain la veille, bon Dieu, de mes adieux. »

La maladie et le décès : Le 20 mars 1977, jour de la dernière, personne ne se doute qu’il ne foulera plus jamais les planches de son music-hall de prédilection. D’inquiétantes douleurs abdominales, de plus en plus vives, l’amènent à se faire examiner. Un cancer de l’intestin est diagnostiqué et se généralise. Il est opéré à Montpellier, dans la clinique du docteur Bousquet en novembre 1980. L’année suivante, une nouvelle opération à l’hôpital américain de Paris lui accorde une rémission qui lui permet de passer l’été dans la propriété des Bousquet, à Saint-Gély-du-Fesc, au nord de Montpellier.

L’album Dernières Chansons sera un succès commercial et sera récompensé par l’académie Charles-Cros.

Ultime satisfaction, la peine de mort — contre laquelle il avait écrit notamment Le Gorille, fait des galas, manifesté, signé des pétitions — est abolie le 9 octobre 1981.

Il meurt dans la nuit du jeudi 29 octobre 1981, à 23 h 15. Georges Brassens est inhumé à Sète, le matin du samedi 31, dans le caveau familial, au cimetière Le Pynote. Le choc de sa mort est immense dans toute la France. En ouverture du journal télévisé du 30 octobre, sur Antenne 2, Patrick Poivre d’Arvor, visiblement ému, déclare :
« On est là, tout bête, à 20 ans, à 40, à 60… On a perdu un oncle. » Voir ci-dessous le JT du 30 octobre 1981.

Discographie :

1952 : La Mauvaise Réputation
1953 : Le Vent
1954 : Les Sabots d’Hélène
1956 : Je me suis fait tout petit
1957 : Oncle Archibald
1958 : Le Pornographe
1960 : Les Funérailles d’antan
1961 : Le temps ne fait rien à l’affaire
1962 : Les Trompettes de la renommée
1964 : Les Copains d’abord
1966 : Supplique pour être enterré à la plage de Sète
1969 : Mysogynie à part
1972 : Fernande
1976 : Trompe la mort

Voir sur YouTube : “Georges Brassens – Mourir pour des idées” par peteko72 ; “Georges Brassens (Les Copains D’Abord )” par Globetrotteur j.c ; “20h Antenne 2 du 30 octobre 1981 – Mort de Georges Brassens | Archive INA -” par Ina Actu

Source

Livre SF – Isaac Asimov – Les Dieux eux-mêmes (1972)

Le livre est divisé en trois sections, basées sur une citation du dramaturge Schiller: “Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes, luttent en vain”. Pourtant, malgré leur interrelation dans l’intrigue, les trois sections ne s’intègrent pas confortablement pour former un tout unifié. (Même dans la publication des magazines, elles ont été séparées, la première et dernière partie sont parues dans Galaxy en mars et mai 1972, celle du milieu dans If en avril 1972). Asimov décrit un physicien mécontent et désabusé (Lamont) qui tente de discréditer son ennemi (Hallam), l’auto-proclamé inventeur de la pompe à électrons. Cette pompe fournit l’énergie à partir de la désintégration radioactive d’une substance d’un autre univers. C’est une énergie d’autant plus séduisante à utiliser qu’elle est gratuite.

Ce livre a obtenu trois récompenses : Le prix Nebula du meilleur roman en 1972. Le prix Hugo du meilleur roman et le Locus du meilleur roman en 1973.

“Cela a commencé quand Robert Silverberg a suggéré à Asimov qu’il écrive une histoire sur un isotope impossible ; Asimov a répondu avec ce livre, initialement intitulé “Plutonium 186”. Les pompes à électrons, qui ont fourni une énergie libre et propre à la Terre par un échange d’électrons avec un univers parallèle, menacent un tel déséquilibre de charge électrique dans notre propre univers que son annihilation totale est imminente. Les trois histoires (situées respectivement sur Terre, dans un para-univers et sur la Lune) décrivent les efforts des individus qui ont deviné la menace pour éviter la catastrophe. Ces efforts sont bloqués par les intérêts personnels qui sont, plus que la stupidité, le danger réel dans ce roman.

The Gods Themselves – Part 1

Dans le première partie, le problème de la pompe à électrons, comme Lamont le découvre, est qu’il fait pénétrer les lois du para-univers dans le nôtre, renforçant l’interaction nucléaire forte ici bas et affaiblissant la leur. Cela fera exploser le soleil en quelques années ou quelques décennies. Personne ne le prend au sérieux, car il n’est pas en faveur de Hallam qui lui est adulé par le monde entier avec son énergie gratuite. Son collègue, cependant, un linguiste travaillant sur la para-langue, parvient à communiquer avec ceux de l’autre côté. Ils reçoivent un message disant que la pompe est dangereuse, indiquant qu’au moins quelqu’un de l’autre côté réalise ce qui va se passer. Mais les tentatives de Lamont pour faire cesser le pompage ne fonctionnent pas. Les deux hommes finissent par abandonner, convaincus de leur impuissance et le linguiste suggère que les para-êtres peuvent avoir le même problème qu’eux.

The Gods Themselves – Part 2

Dans la section du milieu, les aliens sont très, très Aliens, et le secret qui termine cette section est assez étonnant ; on est frappé par l’étrangeté des Fluides Dua, Odeen et Tritt. Un Rationnel extrêmement doué, une Émotionnelle plutôt irrationnelle, et un Parental téméraire forment une triade peu commune. C’est plutôt incroyable. Dans ce monde parallèle, les Solides font l’éducation des Fluides (seulement des Rationnels) tandis que de chaque triade naissent trois enfants avant qu’ils ne meurent. Les fluides sont faits de substance informe et sont dotés de tentacules, tandis que les Solides semblent plus anthropomorphes. Ils se nourrissent de la lumière de leur Soleil, qui décline peu à peu, mais les Solides, par le biais de la Pompe, sont en passe de canaliser de l’énergie gratuite, aux dépens d’un autre univers dont ils se moquent.

Les esprits que nous visitons sont utilisés presque exclusivement pour nous montrer cette culture étrangère. Nous apprenons à travers leurs expériences et leurs pensées – ce qui semble très naturel – et non par l’analyse objective directe rationnelle et scientifique. C’est de cette façon que chaque culture devrait être présentée!

La conclusion à la section centrale est très étonnante. Dua en apprend de plus en plus sur la nouvelle source d’énergie, et est déterminé à saboter la pompe à électron, car elle risque de faire sauter notre étoile. Un Rationnel lui explique que les Fluides sont la forme jeune des Solides, dont ils n’ont jamais vu la forme juvénile. La fusion (équivalent d’un acte sexuel, mais qui dure plusieurs jours) les transforme en Solides. En l’occurrence, ils se transformeront en Estwald, nouveau chef du projet de la Pompe.

Cette section contient aussi ce que Asimov décrit comme sa seule scène sexuelle explicite. L’histoire raconte que quelqu’un s’est demandé pourquoi il n’avait jamais couché sur le papier de véritables scènes de sexe dans ses livres, alors il s’est mis au défi d’être aussi explicite que possible dans ce roman. Cependant, à moins que vous connaissiez la sexualité de ces aliens, vous ne pourrez pas envisager ses scènes libidineuses comme telles! Elles sont très descriptives, probablement pornographique de leur point de vue (Odeen serait embarrassé!), mais tout cela nous est si étranger que les lecteurs les plus prudes ne seront pas choqués! Il a aussi une scène où Dua se fond avec les roches, qui est essentiellement une scène de masturbation. Plutôt coquin ces extra-terrestres, lorsqu’on y pense!

The Gods Themselves – Part 3

Et nous arrivons à la troisième section, où nous pensons que tout le monde est en train de «lutter en vain». Un autre des exclus du cercle de Hallam, le Dr Denison (qui l’a malgré lui aidé à mettre au point la pompe à électron), va sur la Lune colonisée depuis un demi-siècle, pour reprendre sa carrière. Là, il se retrouve confronté à un responsable terrien prêt à l’aider pour diffuser ses idées en échange d’informations sur le comportement des Lunarites, qu’il soupçonne de mettre en place un plan foireux pour assurer leur indépendance vis à vis de la Terre. Il travaille donc aussi avec un séparatiste lunarite, partenaire sexuel de Séléné, (différentes coutumes existent sur la Lune, pour le plus grand dégoût des visiteurs terrestres), qui lui assure qu’il aura un accès au matériel d’expérimentation, en retour d’informations sur les Terriens.

L’histoire se concentre sur l’amitié de Denison avec Séléné, une intuitionniste, alors qu’un dialogue vraiment agréable les rapproche amicalement (voire plus car affinité). Elle l’emmène en balade pour faire des acrobaties en basse gravité ou des sports de glisse en combinaison spatiale (Asimov a dû puiser dans la banque de donnée des missions Apollo pour être si réaliste). Le sexe est également présent dans cette section mais sûrement plus en raison du fait que les Lunarites sont amateurs de nudisme, ce qui n’est pas sans exciter le “textile” Denison.

La conclusion du livre est très anti-écologique ou plutôt ultra-climato-sceptique. Denison ouvre la porte d’un autre univers – un autre para-univers, et tire de l’énergie de là, permettant un équilibre des lois changeantes de la physique, puisque ce nouvel univers a des lois opposées à celle du para-univers. Ce qui est brillant à ce sujet c’est que finalement ils vont sûrement créer un Big Bang ailleurs! (Peut-être est-ce l’origine du notre?) Mais apparemment les humains ne risquent plus rien, alors tout va bien… Denison découvre l’intrigue des Lunarites qui veulent que la Lune quitte l’orbite Terrestre ou même le système solaire. Ce faisant, il la rend publique et devient un héros.

Ce livre est parfaitement mené par Asimov, qui évoque pour une fois autre chose que des robots. Il m’a troublé lorsque je l’ai lu (il y a quelques années…) et m’a amené à me poser par la suite quelques questions. Et si Asimov avait raison? Je parle ici de la fameuse énergie gratuite dont on évoque tant les avantages un peu partout sur le web. “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout s’échange!” Dans cette phrase, l’important est le “rien ne se crée”. Je crois que c’est Lavoisier qui a dit ça, mais c’est Kant qui a formulé rigoureusement le principe de la permanence de la substance : “La substance persiste dans tout le changement des phénomènes et sa quantité n’augmente ni ne diminue dans la nature”. Alors, une idée m’est venue à l’esprit : l’énergie gratuite ne l’est peut-être qu’en apparence, et, si elle existe, (ce que semble valider la mise au point récente du générateur E-Cat de Rossi) ne la puiserons-nous pas aux dépend d’un autre univers et de la stabilité structurelle du notre?

Oldtimer – Lamborghini Espada 400 GT (1968-78)

Le succès commercial de la Lamborghini 400 GT donna des ailes et des idées bizarres à Ferrucio Lamborghini ; mais le résultat fut convainquant, l’Espada 400 GT se classant parmi les 4 places les plus rapides du monde. Elle était un peu plus longue et plus large que la 400 GT, et offrait donc un gain relatif d’espace dans l’habitacle.

Une vitrine sur roues : 

En 1967, au salon de genève, Bertone avait présenté un prototype pour le moins original et audacieux : les portières latérales de ce coupé de sport quatre places étaient en effet totalement transparentes, à l’exception d’une mince baguette transversale portant la poignée d’ouverture. Cette voiture avait pour nom Marzal 2+2 et ne devait en principe ne pas avoir de suite.

Une forme assagie : 

Et pourtant, Ferruccio Lamborghini décida de produire la Marzal de Bertone en série, mais sous une forme quelque peu assagie : la Lamborghini Espada, car tel fut son nom, ne fut pas doté des portières jugées trop futuristes. Au salon de Genève de 1968, elle fut présentée dans sa version quatre places et sa carrosserie deux portes. Plutôt qu’une banale banquette arrière, Bertone a opté pour deux sièges au dessin très proches de leurs homologues avant, séparés tout comme eux par la console centrale qui a été pour ce faire prolongée. La surface vitrée généreuse supprime toute sensation de claustration et le volume du compartiment à bagages, qui fait partie intégrante de l’habitacle, est des plus intéressants. Malgré cette habitabilité remarquable, l’Espada jouit d’une allure sportive nettement marquée. Racée, élégante, élancée et fougueuse, elle avait le moteur à l’avant (contrairement à la Countach et à l’Islero), ce qui n’était pas un mince exploit, étant donné la faible hauteur du capot et le volume occupé par le moteur V12. Elle fut produite à 1217 exemplaires.

Moteur et transmission : Moteur V12 alimenté par 6 carburateurs Weber 40 DCOE ; Cylindrée : 3 929 cm3 ; Puissance : 350 ch DIN à 7500 tr/mn ; Poids et performances : Poids à vide : 1 482 kg ; Vitesse Max : 245 km/h ; Dimensions : Longueur : 4 738 mm ; Largeur : 1 860 mm ; Hauteur : 1 185 mm.

Prix du modèle neuf en 1970 : 112.000 Francs soit 126.236 € avec 640% d’inflation sur la période.

Prix actuel :  Avant la mode des Youngtimers (il y a dix ans environ) on en trouvait encore en bon état à moins de 30.000 €. Mais les prix ont honteusement augmenté et les moins chères sont actuellement à 100.000 €. Comme quoi, cela valait le coup d’en acheter une et de la laisser dormir quelques années dans son garage…

Voir sur YouTube : “Lamborghini Espada ride” par DtRockstar1  

Album – Steely Dan – Can’t Buy a Thrill (1972)

Le Groupe : 

Steely Dan est un groupe californien formé par Walter Beker et Donald Fagen en 1972. Autour d’eux gravitent des musiciens dont le talent est souvent apprécié par d’autres formations, qui les happent à la première occasion (comme Jeff Baxter qui se retrouvera quelques années plus tard chez les Doobies Brothers). Steely Dan à produit une douzaine d’albums de grande qualité, tant musicale que littéraire.

Les débuts : 

La plupart des groupes de Rock & Roll sont au départ formés autour d’un noyau fortement soudé ; ils développent leur musique pendant des années en jouant dans les bars et les clubs attenant à leur ville natale. Steely Dan n’a jamais souscrit à cette esthétique. En tant que véhicule pour l’écriture de Walter Becker et Donald Fagen, Steely Dan a défié toutes les conventions rock & roll en intégrant tout au long de sa carrière une foultitude de pointures musicales. Becker et Fagen n’ont jamais vraiment apprécié le rock, (avec leur humour ironique et leurs paroles cryptiques, leur travail éclectique montre une certaine dette envers Bob Dylan) préférant le jazz, le pop traditionnel, le blues et le R & B. Steely Dan a créé un son sophistiqué, distinctif avec des accroches mélodiques accessibles greffées sur des harmonies complexes, et une dévotion pour les studios d’enregistrement. Avec le producteur Gary Katz, Becker et Fagen ont fait passer Steely Dan d’un groupe d’artistes débutants à un projet de studio, en recrutant des musiciens professionnels pour enregistrer leurs compositions. Bien que le groupe ne joue plus en live après 1974, la popularité de Steely Dan a continué de croître tout au long de la décennie, en même temps que leurs albums devenaient les favoris de la critiques et leurs singles les préférés des stations de radio pop. Même après la dissolution du groupe au début des années 80, leurs disques ont conservé une forte aura, comme en témoigne le succès massif de leur retour sur scène au début des années 90.

Walter Becker (basse) et Donald Fagen (voix, claviers) ont été les membres fondateurs de Steely Dan à travers sa multitudes d’incarnations. Ils se sont rencontrés à Bard College à New York en 1967 et ont commencé à jouer dans des groupes communs peu de temps après (notamment Bad Rock, qui avait pour batteur l’acteur comique Chevy Chase) qui allaient du jazz au rock progressif. Finalement, Becker et Fagen ont commencé à composer des chansons ensemble, dans l’espoir de devenir des auteurs-compositeurs professionnels. En 1970, le duo a rejoint le groupe Jay & the Americans, en jouant sous pseudonymes; Becker a choisi Gustav Mahler, tandis que Fagen utilisait Tristan Fabriani. Ils sont restés avec Jay & the Americans jusqu’à la moitié de 1971. Becker et Fagen ont ensuite essayé de faire un groupe avec Denny Dias, mais l’entreprise n’a pas réussi. Barbara Streisand a enregistré la composition de Fagen / Becker “I Mean to Shine” sur son album Barbara Joan Streisand, sorti en août 1971, et le duo a rencontré le producteur Gary Katz, qui les a embauchés comme auteurs-compositeurs pour ABC / Dunhill à Los Angeles. Katz suggéra que Becker et Fagen forment un groupe pour enregistrer leurs chansons, et Steely Dan (nom tiré d’un godemiché métallique dans le roman de William Burroughs : Le Festin nu) fut formé peu de temps après.

Les albums : 

Can’t Buy a Thrill (1972) : Les guitaristes nouvellement recrutés Denny Dias et Skunk Baxter, le batteur Jim Hodder et le claviériste David Palmer, Becker ainsi que Fagen ont officiellement formé Steely Dan dès 1972, et ils lancèrent leur premier album, Can’t Buy a Thrill, peu de temps après. Palmer et Fagen se sont partagés les voix principales sur l’album, mais les deux singles du disque – le Top Ten “Do It Again” et “Reeling in the Years” – ont été chantés par Fagen. Can’t Buy a Thrill a été un succès critique et commercial, mais sa tournée de soutient a été un désastre, entravée par un groupe mal entraîné ce qui engendra un public peu satisfait. Palmer quitte le groupe après la tournée.

Countdown to Ecstasy : sorti en 1973, a été un succès critique, mais il n’a pas réussi à générer un hit single, même si le groupe l’a soutenu par une tournée.

Pretzel Logic : Steely Dan a remplacé Hodder par Jeff Porcaro et a ajouté le claviériste / chanteur Michael McDonald avant d’enregistrer leur troisième album, Pretzel Logic. Sorti au printemps 1974, Pretzel Logic permit à Steely Dan de retrouver le Top Ten grâce au single “Rikki Do not Lose That Number”. Quand ils eurent terminé leur tournée de soutien au disque Pretzel Logic, Becker et Fagen décidèrent d’arrêter la scène et de faire de Steely Dan un groupe de studio.

Pour leur prochain album, Katy Lied, 1975, le duo a engagé une variété de musiciens de studio – incluant Dias, Porcaro, le guitariste Elliot Randall, les saxophonistes Phil Woods, le bassiste Wilton Felder, le percussionniste Victor Feldman, le claviériste Michael Omartian et le guitariste Larry Carlton.

Katy Lied fut un autre succès, tout comme en 1976 : The Royal Scam, qui a continué dans la même veine que son prédécesseur.

Sur Aja en 1977, le son de Steely Dan est devenu plus soft et jazzy, ce qui est dû à l’arrivée d’artistes jouant du jazz fusion comme Wayne Shorter, Lee Ritenour. Aja est devenu leur plus grand succès, atteignant le Top Five trois semaine après sa sortie et devenent l’un de leur premiers albums à être certifié platine. Ce disque est très important, car il marque l’aboutissement d’une démarche. Fagen et Becker sont seuls, avec des musiciens de studio. Les chansons ont une intensité dramatique plus évidente que jamais, très branchées sur la réalité du monde, comme Josie, qui explique la violence d’un teenager moyen.

Après la sortie d’Aja, ABC a été racheté par MCA Records, suite à un différend contractuel avec le label qui a retardé jusqu’en 1980 la sortie de leur prochain album. Durant la période intermédiaire, le groupe a eu un succès avec la chanson thème du film FM en 1978. Steely Dan a finalement publié Gaucho, la suite de Aja, à la fin de 1980, qui s’est transformé en hit du Top Ten. Au cours de l’été 1981, Becker et Fagen annoncèrent qu’ils se séparaient. L’année suivante, Fagen sortit son premier album solo, The Nightfly, qui est devenu un succès critique et commercial. (Sûrement un des dix meilleur album de Soft Rock jamais sorti).
Kamakiriad : Fagen n’a pas enregistré de nouvel album jusqu’en 1993, quand il se réunit avec Becker, pour produire Kamakiriad. L’album a été promu par la première tournée de Steely Dan depuis 20 ans, et alors que le disque a échoué dans les ventes, les concerts furent très populaires. En 1994, Becker sortit son premier album solo : Whack, produit par Fagen. L’année suivante, Steely Dan fit une autre tournée, et au début 2000 le duo sortit Two Against Nature, leur premier nouvel album de studio depuis deux décennies. Il a remporté le Grammy Award comme album de l’année. En 2003, Steely Dan sort Everything Must Go. Puis Fagen sort un album solo : Morph the Cat en 2006, et Becker sort Circus Money en 2008 alors que Steely Dan entreprend une nouvelle tournée.

Discographie : 

Can’t Buy a Thrill (1972)
Countdown to Ecstasy (1973)
Pretzel Logic (1974)
Katy Lied (1975)
The Royal Scam (1976)
Aja (1977)
Gaucho (1980)
Two Against Nature (2000)
Everything Must Go (2003)

Voir sur YouTube : “Steely Dan 《Do It Again》 ( original studio sound version)” par changeting ; Steely Dan : I.G.Y

https://www.youtube.com/watch?v=tgYuLsudaJQ

L’histoire des Radios Locales Privées françaises

1977, l’arrivée des Radios Libres : 

En France, dès 1977, la presse parallèle issue de la tempête révolutionnaire de mai 68 s’essouffle. Elle a tenté, en vain, de donner la parole au public le plus large possible, celui qui n’avait jamais accès aux médias institutionnels. Pour de nombreux observateurs, l’échec de cette presse de quartier, résulte de la difficulté d’écrire : “On préfère parler qu’écrire”. Les Radios libres de lutte (Radio Quinquin, Radio Lorraine Cœur d’Acier, Radio Verte,…) ont amplement conforté cette hypothèse. En revanche, la population locale s’exprimait mieux à l’antenne.

1978, les radios libres se multiplient mais la répression se renforce :

La miniaturisation du matériel et l’abaissement de son coût favorisent l’expansion des radios libres. Leur éclosion se poursuit mais de son côté, le gouvernement tente d’y faire face sur un double plan. D’une part, il envisage une décentralisation de Radio France, d’autre part, le dispositif législatif en vigueur est renforcé et aggrave les sanctions encourues pour les violeurs du monopole.

1979, les radios de lutte avec des partis et des syndicats apparaissent:

Les radios d’expression et les radios d’animation se sont constituées sans l’appui des grandes organisations politiques et syndicales. En 1979, les radios de lutte sont au premier plan. D’une part, elles sont liées à des conflits sociaux, à des luttes locales, auxquelles elles donnent une amplification. D’autre part, ces radios de lutte ne s’insurgent pas contre le monopole mais contre une certaine utilisation de ce dernier. Elles veulent à cet égard compenser le déficit informatif.

1980, Radio France décentralise ses antennes contre les radios pirates : 

Le lancement des premières stations décentralisées et thématiques de Radio-France ne parvient pas à juguler les radios libres. La répression (saisies, perquisitions et inculpations) se fait extrêmement vigoureuse. Les responsables des RLP adoptent des parades parfois rocambolesques. Radio-Ivre change de lieu d’émission tous les soirs. Pour éviter les saisies, elle va déménager, passant de toit en toit pendant deux ans. Sous l’égide de Patrick Van Troey et de Jean François Aubrac, cette radio formera une multitude d’animateurs et de futurs responsables de stations.

1981, Le régime des dérogations ne résout pas la question de financement : 

L’accession de François Mitterrand à la présidence de la république bouleverse le paysage radiophonique. Deux mois après la nomination de Georges Fillioud à la tête du ministère de la communication, plus de 70 radios émettent sur la bande FM. Les poursuites et les saisies sont ininterrompues. Un projet de loi sur la communication audiovisuelle est mis en chantier. A l’automne, l’encombrement de la FM atteint des proportions inquiétantes qui conduisent  le gouvernement à faire adopter un projet de loi d’urgence pour éviter “une anarchie à l’italienne”. Le monopole est maintenu. Un régime de dérogation confère aux radios libres un début de légalité. De leur côté, les radios libres se préoccupent essentiellement de leur financement. Loin de faire l’unanimité, la publicité sur ces ondes nouvelles déchire les fédérations de RLP, les partis politiques et la presse régionale. Le nouveau gouvernement la désapprouve d’emblée.

1982, la loi du 29 juillet et la liberté avec le monopole : 

La loi du 29 juillet 1982 met fin à un cadre juridique devenu désuet face aux nouvelles techniques de la communication. En matière de radiodiffusion locale privée, les dispositions fixées par la loi ont pour but d’éviter la constitution de réseaux de radio locales, et la mainmise des régies publicitaires sur ces nouveaux médias. Enfin, le législateur a marqué la volonté de préserver les caractéristiques originelles du mouvement des RLP en préservant les autorisations aux seules associations à but non lucratif. La Haute Autorité instituée dans le cadre de la loi est la garante de la nouvelle liberté. Elle est investie d’une double mission tutélaire et arbitrale. Du côté des radios libres, le désordre atteint son paroxysme à Paris. Partout en France, la FM est l’objet de convoitises. Les résultats des mesures d’audience étonnent les quotidiens régionaux, les annonceurs, les publicitaires, les postes périphériques… Les organisations de défense des intérêts des RLP se diversifient. Le financement par la publicité et l’exigence de professionnalisme, tournent le dos au radios locales pionnières. Ces deux grands débats divisent les fédérations.

1983, La Haute Autorité délivre des autorisations et inquiète les fraudeurs : 

La Haute Autorité et la commission Galabert examinent durant toute l’année les demandes d’autorisation des RLP. Leur nombre ne cesse de croître : 1500 dossiers ont été soumis à la Haute Autorité. 620 d’entre eux ont obtenu le feu vert officiel. Mais la Haute Autorité s’est heurtée à des observations techniques dans les grandes villes et les départements frontaliers. L’encombrement dans ces zones géographiques entretient des turbulences sur la FM. La Haute Autorité a réussi non sans mal à défaire le nœud parisien. En revanche, elle n’a pas encore délivré d’autorisations aux stations situées en région frontalière. Pour la première fois sur l’ensemble du territoire, les RLP participent à la campagne des élections municipales. Les mesures d’audience réalisées tout au long de l’année confirment l’intérêt des auditeurs  et attisent les convoitises des annonceurs, des publicitaires… Enfin, Il convient de souligner la présence de messages publicitaires, explicites ou clandestins sur la FM et cela en dépit des recommandations et des mesures proférées par la Haute Autorité et les pouvoirs publics. La publicité sur la FM obtient désormais le soutient de la plupart des RLP et même de la presse quotidienne régionale. Le nombre des demandes d’autorisations dépasse largement le nombre des fréquences disponible, notamment à Paris, dans les grandes agglomérations et dans les départements frontaliers. Cette pénurie conduit certaines radios libres à émettre illégalement. Face à cette situation, la Haute Autorité réagit vivement. Elle rappelle aux stations autorisées qu’elles doivent respecter les accords de regroupement, utiliser exclusivement leur fréquence attribuée, émettre d’un lieu convenu par TDF avec une puissance maximale de 500 watts.

1984, la publicité est autorisée sur les RLP : 

Des campagnes multiples en faveur de la publicité dominent l’actualité dans le monde des radios libres. Les RLP souhaitent qu’une pratique de fait soit légalisée. Les pouvoirs publics, soucieux de moraliser cette pratique et de créer des emplois dans ce secteur se délient de leur hostilité initiale. François Mitterrand ravive le débat à deux reprises et amorce ainsi la procédure qui aboutira au texte législatif annexé à la loi du 29 juillet 1982. Faire de la publicité n’est plus un défi, ni un délit. Les radios locales associatives qui optent pour un régime sans publicité se voient financées par un montant fixe forfaitaire de 100.000 F et une subvention de fonctionnement annuelle proportionnelle à leurs dépenses.

La fin des petites radios et la naissance des réseaux de radio FM (l’exemple NRJ) : 

NRJ est l’une des premières radios à se constituer un réseau de radios locales franchisées en France. En 1984, la diffusion par satellite est encore inexistante et chaque radio à son autonomie de programmation mais cette franchise permet de faire connaître la marque au reste du pays. Mais le 2 octobre 1985, sept stations franchisées NRJ (Nancy, Montpellier, Bordeaux, Carcassonne, Toulouse, et Grenoble) quittent soudainement le réseau pour créer le leur : le réseau Fun Radio. Cette sécession, dirigée par des cadres d’NRJ, fait prendre conscience à la direction qu’il lui faut protéger son réseau. Désormais, elle s’assurera plus efficacement de la fidélité de ses radios. De plus, elle s’intéresse de plus en plus à leur ligne éditoriale : des cadres d’NRJ parcourent le pays pour imposer petit à petit une couleur d’antenne. Vers 1986, la diffusion par satellite devient plus accessible. Les radios locales deviennent des relais du programme national, tout en conservant quelques heures de programme local chaque jour. La diffusion de la publicité à l’échelle nationale devient possible, et la qualité et l’uniformité des programmes au niveau national sont désormais assurées par le siège parisien.

Au fur et à mesure des années, l’ensemble des radios FM se professionnalise et les radios associatives pionnières disparaissent. La concurrence entre réseaux devient de plus en plus forte, et les plus gros phagocytent les plus faibles. NRJ devient elle aussi de plus en plus formatée. Le programme musical est de plus en plus dicté par les enquêtes marketing. Parallèlement à ça, NRJ connaît toujours un accroissement de son audience, à mettre en parallèle au développement spectaculaire de son réseau et à ses méthodes de communication.

NRJ a tenté de développer un groupe radiophonique dès 1987 quand elle rachète la radio parisienne Gilda FM pour créer le programme Chérie FM. En 1989, c’est le réseau Pacific FM qui est racheté. Alors que le réseau de province est repris pour diffuser Chérie FM, la fréquence parisienne de Pacific FM sert à créer une troisième radio : Rire et Chansons. Cependant, ce réseau ne pourra être véritablement développé en province qu’à partir de 1996, le CSA ayant jusque-là freiné au maximum le développement des grands groupes radiophoniques. Enfin, NRJ rachète Radio Nostalgie en 1998 ; elle a tenté de prendre possession de RMC, mais elle en fut empêché par la loi anti-concentration des médias.

La normalisation de la programmation musicale est devenue caricaturale :

Aujourd’hui, la normalisation de la programmations des radios de réseau à créé une triste uniformité musicale sur la FM qui fait regretter ces années un peu folles où les chefs de programmes et leur règles marketing n’avaient pas encore infesté les studios de radio. Ils existe de très nombreux réseaux de radio, type NRJ, Fun, RFM, Chérie ou Skyrock, qui assurent à elles seules l’essentiel des rotations (un titre peut passer quinze fois par jour sur une même antenne). Les titres sont supposés être différents en fonction de la couleur de la radio : Pour NRJ, les hits ; Skyrock, le Rap ; Fun, la Dance ; Nostalgie, les Oldies ; RTL2, la Pop-Rock (Hum…), en respectant les quotas imposés par la loi (en théorie : un minimum de 40 % de chansons d’expression française). Mais dans la pratique, les programmateurs cherchent à se rassurer en se copiant les uns les autres. Ils construisent leurs playlists non plus à l’oreille, mais en fonction d’outils marketing devenu rois : les tests. Ce n’est pas nouveau, mais leur usage s’est généralisé : les radios musicales organisent très régulièrement des sondages sur la popularité des chansons qu’elles diffusent, en faisant écouter aux personnes interrogées… sept à dix secondes de chaque titre ! Le plus souvent, ces « tests » se déroulent par téléphone — plus rarement, dans des auditoriums — ; ils sont réalisés soit par des instituts spécia­lisés, soit par les radios elles-mêmes. Concrètement, au bout du fil, le cobaye doit écouter les extraits et répondre par un « connais » ou « connais pas » ; un « j’aime » ou « j’aime pas » (avec des gradations : un peu, beaucoup, passionnément…). Les titres les moins bien classés seront susceptibles de quitter la playlist la semaine suivante ; les mieux notés auront toutes les chances d’être surdiffusés, ce qui renforcera encore leur cote dans le prochain sondage…

Un traitement de son devenu lui aussi caricatural :

Le son FM lui aussi s’est normalisé jusqu’à en devenir caricatural puisque ce dernier est traité par une kyrielle de compresseurs multibandes et d’égaliseurs. Le son déjà remasterisé des disques (donc appauvri en dynamique), passe à la moulinette de ces appareils aux mains de “sorciers du son” qui se croient fins, et au bout du compte, il ne reste que de la bouillie auditive. (J’ai déjà vu des DJs qui ne reconnaissent plus le disque original tant le son est trafiqué sur la radio!) Au bout du compte, les radios privées FM actuelles n’ont plus que 5 à 10 dB de dynamique au lieu des 50 à 70 dB disponibles à l’origine dans le studio d’enregistrement!!! Les machines ORBAN ou OMNIA (15000€ en moyenne) arrivent à recréer une “impression” de dynamique. Les synoptiques de traitements font peur à voir pour n’importe quel ingénieurs du son! Leurs calculs pragmatiques sont simples. La majorité des gens écoutent la FM dans leur auto. En voiture, le bruit relevé sur une rocade est d’environ 70/80 dB SPL et le niveau d’écoute maximum de la musique pour ne pas devenir sourd avant terme est de 90/100 dB SPL. Il faut donc réduire la dynamique du son pour ne pas jouer du bouton de volume tout le temps. Le rapport bruit ambiant/signal radio étant de 20 dB SPL, il faut faire passer un message dans une dynamique restreinte, de l’ordre de 15 à 20 dB dans le meilleur des cas (France Culture, France Musiques, Radio Classique), 10 dB pour une radio dite “généraliste” (RTL, France Inter, France Bleu, RMC Info), 5 dB parfois moins pour le reste (NRJ, Fun, Skyrock…). On nivelle donc tout encore une fois par le bas!

Quelques radios parisiennes disparues de la bande FM :

Hit FM Paris

Hit FM : Radio privée parisienne du groupe UGC créée à Paris en 1985 par Jacques SEGUELA sur l’ancienne fréquence de Radio Mégalo, la radio de Gonzague St Bris. Elle développe rapidement un réseau dans les grandes villes de province. Ses programmes sont essentiellement musicaux, entrecoupés de rubriques sur le cinéma. La radio dispose d’un système automatisé de diffusion, et ne compte que peu d’animateurs sur son antenne, notamment: Laurent WEIL (Canal +), Christine MASSON (France Inter) et Valérie ABECASSIS (Europe 2), alors jeunes débutants dans le journalisme. Malgré plusieurs campagnes de publicités (“Elle a le tympan tube”), la radio ne rencontre pas un grand succès. Europe 2, qui a perdu sa fréquence à Paris début 1987 et qui cherche à tout prix un partenaire dans cette ville stratégique, rachète le réseau à UGC, après avoir tenté de reprendre Ouï FM. En février 1988, la CNCL autorise Hit FM Paris à diffuser Europe 2 (“Hit FM programme Europe 2”). Le réseau de province est quant à lui démantelé. Hit FM conserve 20% de programme propre à Paris, toujours tourné vers le cinéma. En 1990, Hit FM / Europe 2 reprend le nom d’une ancienne station privée, “le Poste Parisien” (“le Poste Parisien programme Europe 2”), dont elle occupe les anciens studios aux Champs-Elysées. Europe 2 abandonne ce nom à Paris à partir de 1997. Ecoutez un extrait d’émission de Hit FM (Août 1986).

La Voix Du Lézard Paris

La voix du Lézard : Radio locale privée de Paris créée en janvier 1983. Après Radio Paris 80, Cité 96 et Cité Future, Pierre C. Bellanger crée à Paris en 1983 “La Voix du Lézard” sur 94.2. La station passe ensuite sur le 103.9, 96.1 puis 96 MHz sa fréquence parisienne actuelle. Parmi les fondateurs de La Voix du Lézard, on retrouve Jean-Pierre BARBE. Souhaitant créer un réseau d’envergure nationale, Pierre Bellanger transforme La Voix du Lézard en Skyrock en 1986 et ouvre rapidement des stations en province. L’une des premières émissions de Skyrock a porté le nom “La Voix du Lézard”, en hommage à l’ancienne radio.

Pacific FM Paris

Pacific FM : Réseau national de 52 radios, créé en juillet 1986 par Claude VILLERS. Après avoir créée une Banque de programmes, Pacific FM démarre en juillet 1986 à Saint Malo, Bordeaux et Nice. Elle se développe rapidement en province mais n’obtient une fréquence à Paris qu’en 1987. Elle compte alors 15 fréquences en France. Le programme est essentiellement musical, ponctué de rubriques sur le voyage. Les radios, associées mais indépendantes, diffusent des programmes propres qu’elles échangent entre elles. La diffusion par satellite facilite ensuite ces relations. La radio ne trouve pas son public, et après un premier rachat et le départ de Claude Villers, le réseau est vendu au groupe NRJ en 1989. Elle cesse ses programmes le 31 octobre 1989. Certaines radios de province diffusent alors Chérie FM, la fréquence de Paris servant à la création de Rire et Chansons (Chérie FM était déjà présente sur le 99.9, ancienne fréquence de Gildas).

Chic FM Paris

Chic FM :  Réseau musical français fondé par le groupe Hersant en janvier 1986 par le rachat de Digitale FM. Elle commence par prendre le nom de la fréquence 88.5 puis FM Laser. Elle prendra le nom de Chic FM en se développant en réseau avec les radios abonnées à l’AFC, l’agence de presse sonore du groupe Hersant. Chic FM compte une cinquantaine de stations en 1987. Ses studios sont situés à Neuilly-sur-Seine, dans les anciens studios d’Eddy Barclay. Chic FM avait pour cible les jeunes adultes avec un format Music and News. La programmation musicale était composé à 30% de chansons françaises d’hier et d’aujourd’hui et à 70% de golds internationaux. A l’antenne, on retrouve Yolaine de la BIGNE (ex 95.2 et futur France Info). En septembre 1987, Hersant rachète FUN et décide de faire fusionner les deux réseaux sous le nom Fun Radio. Les studios de Chic FM sont repris pour la nouvelle station.

95.2 Paris

95.2 : Radio locale privée créée en février 1983 et dirigée par Benoit CLAIR et Robert NAMIAS, venus d’Europe 1. La première émission a lieu le 21 février 1983. La chanteuse Catherine RIBEIRO est la présidente de l’association “les amis de la Tour Montparnasse” gérante de la radio. Elle est née du regroupement des projets de radio: Médico Social, France lecture, Sport et et Musique et de la radio Paris FM. Alexandre MARCELLIN est le directeur des programmes. José FREJEAN est directeur technique. Europe 1 est actionnaire de Paris Fréquence Montparnasse, dont locaux et matériel ont été prêtés par la société “Fréquence Services S.A.”, filiale d’Europe 1 via Société N°1 et Société Top N°1. Elle se distingue rapidement par son professionnalisme et touche beaucoup de monde, notamment grâce à son émetteur qui, situé en haut de la Tour Montparnasse, arrose tout Paris ainsi que la proche banlieue. Fin 1983, Paris Fréquence Montparnasse est rebaptisée “95.2”. En 1987, elle est reprise par Georges POLINSKI (responsable de Radio Nantes) et elle devient Kiss 95.2 puis Kiss FM, qui développe par ailleurs un réseau sur toute la France.

Carbone 14 Paris

Carbone 14 : Une trentaine d’années sont passées et, pour bon nombre d’anciens auditeurs, cette radio irrespectueuse, devenue mythique, continue d’incarner et de dater le meilleur de l’après-Mai 81 : une sorte de folie et de gratuité qui fait aujourd’hui cruellement défaut. Carbone 14, le film fut présenté à Cannes en mai 1983, dans la sélection « Perspectives du cinéma français », et provoqua un tollé. C’est aujourd’hui un des très rares témoignages en image sur le mouvement des radios libres.

Une radio Toulousaine disparue : 

TSF 100 Toulouse

TSF 102 : fut créée en octobre 1981 à Toulouse. Parmi les animateurs, on retrouve : Jean-François MAURY, Bernard JOURDAN et Patrick GIVANOVITCH. A cette époque, l’émetteur de 100 W (et beaucoup plus ensuite…) est implanté sur les hauteurs de Jolimont, un des quartiers de Toulouse. Elle émet sur 102 MHz jusqu’en 1985 puis sur 100 MHz jusqu’en 1988, date à laquelle elle prend une franchise NRJ. Au début des années 80, sa programmation pop-rock l’a rendue très célèbre sur la ville, surtout dans le milieu étudiant.

Une radio Tarnaise disparue :

Mod’FM Castres

Mod’FM : Fut créée fin 1984 par deux radioamateurs passionnés de technique : François PECH  et Eric GUILABERT. Parmi les animateurs on retrouve : Serge ADAMS, Stéphane CARIVENC, Olivier LASCAZE, Christophe DOUMERGUE, Thierry DEMEYER, Pascal LANCEREAU, Joël REY, Hervé HURRIAUX, Ray BANANA, Alain ANDREO, Xavier BOULANGER, LAURA, BAMBOU, Eric DAVID… Autorisée sur la fréquence 98.9 Mhz sous le nom de Castres Sud Fréquence, elle deviendra Mod’FM en 1986. Son émetteur de 500 W se situait sur un point haut proche de Castres (Peyrous Petit), ce qui lui permettait de couvrir le sud du Tarn. Elle était connue sur Castres pour sa programmation pop-rock. Comme beaucoup de radios de cette époque, elle sera reprise par un réseau national : NRJ de 1989 à 1991 puis RTL.

Photo Haut de page : Studio Mod’FM 98.9 en 1986

Voir sur YouTube : “Les radios libres à Paris en 1981 | Archive INA” ; “L’histoire des radios libres en France | Archive INA” et “Les radios libres et la publicité en 1984 | Archive INA” par Ina Société ; reconstitution d’un studio radio FM de la fin des années 80 mis en ligne par Eric.

 

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