Livre SF – Pierre Pelot – Canyon Street (1978)

Philippe Pelot est né le 13 novembre 1945. C’est un écrivain français très prolifique plus connu pour ses œuvres de SF. Si les années 1960 sont celles du western et de la série Dylan Stark, lors de la décennie suivante, Pelot commence à écrire des romans de science-fiction et s’impose peu à peu comme un de ses plus talentueux maîtres français. Il est présent dans les collections J’ai lu, Presses-Pocket, Présence du futur mais aussi Ailleurs et Demain et Dimensions S-F. Coup sur coup, il reçoit le Grand prix de la Science-Fiction française pour Delirium circus et le Grand prix du Festival de Metz pour Transit. Les spécialistes du genre saluent son talent, en particulier dans la revue Fiction. Pelot dénonce à travers la science-Fiction, une société policière qui contrôle ses citoyens, en particulier dissidents ou marginaux et tous les exclus du système. Ses ouvrages forts comme La Guerre Olympique, Canyon Street, Les Barreaux de l’Eden ou Les Pieds dans la tête, mettent en évidence les pièges d’une société manipulée et aliénée.

Le livre : 

Canyon Street, c’est le fleuve-monde, le labyrinthe, la pieuvre. La planète quadrillée par un réseau sans commencement ni fin d’artères géantes, rectilignes, bordées par les hautes murailles aveugles des Horizons Fermés. C’est cela, Canyon Street. Procréez! disait la Loi. Soyez fort, méritez votre Manne! Méritez d’être un jour des élus! Et les Cohortes masqués de cuir venaient, en silence, distribuer la Manne et emmener les plus méritants. Et les Pilleurs lançaient les razzias, et les Abbés-Speakers y allaient de leurs sermons télévisés. Et Raznak le Fou racontait que le Paradis ressemblait à l’Enfer… Et Javeline fuyait… Et tout cela s’est arrêté un jour. Un jour, la Manne s’est tarie. Et les Cohortes ahuris erraient sans but, les Abbés prêchaient dans le désert. Seul Raznak le Fou demeurait constant. Et Javeline brûlait d’aimer Jean des Étoiles, le Pilleur. Et une nuit d’horreur, parce qu’elle n’avait pas d’autre issue, elle suivit Raznak le Fou vers les Horizons Fermés.

Voici ce qu’en disent la revue Lire (Février 1979) et Philippe Curval (Novembre 1978) :

“Les amateurs d’inventaires vous diront que Pierre Pelot, 34 ans, a déjà écrit plus de soixante-dix romans – dont quelques chefs-d’œuvre comme Transit (Laffont), Fœtus-Party (Denoël) ou Delirium Circus (J’ai Lu). Les idéologues ajouteront que sa tasse de thé, c’est l’aliénation ; que le héros “pelotien” se libère volontiers dans la déviance et la rupture ; que pour lui “l’utopie n’est pas utopique” ; qu’il est profondément libertiste, etc. Tout cela est sûrement vrai. Ajoutons simplement que Pelot est aussi un merveilleux conteur. Et qu’on le voit bien dans ce récit de la Grande Panne d’un “meilleur des mondes” étrange, poétique – et (comment dites-vous ?) terriblement, fabuleusement aliénateur…”

“L’ultime espoir pour ceux qui veulent savoir pourquoi tout s’est arrêté est de franchir les frontières redoutables de Canyon Street. Ce qui les attend de l’autre côté, c’est le vide. La religion sur laquelle étaient fondés les espoirs de ces parias n’était qu’un leurre, manipulé par des dieux sans pouvoir, des dieux avides seulement de jouir de leurs quelques siècles d’immortalité. Au-delà du décor truqué, ces jouisseurs irresponsables avaient imaginé qu’un autre paradis les attendait, celui qu’ils croyaient entrevoir dans l’insondable mystère de l’espace.”

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