Les Jukebox

Un jukebox est une machine à pièces qui joue de la musique à partir d’un disque vinyle ou d’un disque compact une fois qu’une sélection est faite. Initialement appelé “nickelodeons”, le terme jukebox n’est apparu qu’à la fin des années 1930 et ses origines sont litigieuses. Certains croient qu’il est dérivé du mot africain “jook” qui signifie danser. D’autres le relient aux juke-joints-bars (situés au sud des USA et fréquentés par les Afro-Américains) qui étaient populaires à cette époque.

Au plus haut de leur popularité au milieu des années 1950, environ 750.000 juke-box étaient en usage à travers les États-Unis. Ce nombre a diminué au cours des années 1970 et 1980, et avec l’avènement de la technologie CD et du marché croissant des antiquités, le nombre de jukebox actuellement en usage est d’environ 250.000.

L’histoire du Jukebox : 

En 1877, Thomas Edison invente le phonographe, une machine musicale qui jouent de la musique à partir d’un cylindre de cire. Le 23 novembre 1889, Louis Glass installe un phonographe à pièces dans son Palais Royal Saloon situé à San Francisco. Il l’appele “nickel-in-a-slot” parce que c’était le montant d’argent nécessaire pour faire une sélection. Plus tard, le terme est raccourci en nickelodeon. En 1906, John Gabel invente le «Entertainer automatique», une machine musicale qui remplace le cylindre de cire par des disques 78 tours et une offre de plusieurs sélections d’enregistrements qui pouvaient être joués. Gabel’s Automatic Entertainer a dominé le marché jusqu’au milieu des années 1920.

Le jukebox est resté une nouveauté anecdotique jusqu’à l’invention de l’amplificateur électronique. Sans amplification, il était impossible pour un grand groupe d’auditeurs d’apprécier la musique jouée par l’appareil. Quand Automated Musical Instruments Inc. (AMI) a développé un amplificateur en 1927, la popularité du jukebox a explosé. Il était particulièrement populaire dans les diffusions illégales de l’ère de la prohibition parce qu’il fournissait du divertissement à bon marché. AMI vendit 50 000 de ses machines amplifiées en un an, engendrant ainsi l’avènement de l’âge du jukebox.

Pendent la grande dépression, les ventes chutent de 75 millions de dollars en 1929 à 5 millions de dollars en 1933. Mais la popularité croissante du jukebox et les achats par les propriétaires de magasins qui s’en suivent ressuscitent le secteur de la Musique en déclin et en 1938, on enregistre 25 millions de dollars de ventes. En 1940, on comptait 400 000 jukebox en usage aux États-Unis.

Trois noms devinrent célèbres au cours des années 1940 et ils restent encore synonymes de l’industrie jukebox. Wurlitzer, Seeburg et Rock-Ola concentraient la production de presque tous les jukebox fabriqués à cette époque. Au départ, les jukebox ressemblaient à des postes radio, mais dans les années 1940, la conception de jukebox devint originale avec l’aide des quelques grands designers employés par les entreprises. Paul Fuller est sûrement le plus connu d’entre eux ; c’est le concepteur des modèles Wurlitzer qui poussa la firme au sommet de cette industrie vers la fin des années 1940 et 1950. Avec l’utilisation des lumières tournantes, des armoires de style art déco et des tubes à bulles, les modèles Wurlitzer étaient des œuvres d’art. Le design le plus populaire était le Wurlitzer 1015 qui a été introduit en 1946 et est devenu le jukebox le plus vendu dans l’histoire. Il s’en est vendu un total de 56246 exemplaires dans sa version originale. En 1948, Seeburg a offert sa propre innovation à l’industrie du jukebox avec l’introduction de son Select-O-Matic 100, le premier jukebox à inclure 100 sélections de disques. Cette technologie a permis à la musique populaire de s’écouter dans les même lieux que le country régional, le folk, le jazz et le blues, ce qui a complètement changé l’industrie de la musique et son développement. En 1956, des jukebox avec 200 sélections étaient en cours de fabrication.

Le déclin des années 70 :

Mais l’introduction des cassettes enregistrées et la diminution de la production de disques 45 tours affectent la popularité des jukebox. Au milieu des années 1970, le nombre de jukebox tombe à 225 000. L’industrie du jukebox s’affaiblit encore plus au cours des années 1980, jusqu’à ce que le marché en expension des antiquités et la mode du vintage relancent cette industrie. Remis à neuf, les modèles classiques deviennent des objets de collection, et un Wurlitzer 1015 qui fut d’abord vendu pour 750 $ vaut maintenant environ 12 000 $. La technologie CD a insufflé une nouvelle vie au marché primaire, créant de nouveaux modèles qui hébergent 100 CD totalisant 1 000 sélections de morceaux. Un remake du Wurlitzer 1015 est même fabriqué par Wurlitzer en Allemagne. Il en est de même pour des machines Rock-Ola qui sont à nouveau sur le marché. Mais on est loin des succès du début, d’autant que l’informatique et la conversion numérique musicale de disques CD en fichiers numériques compressés mp3 permet de transformer n’importe quel ordinateur en jukebox aux possibilités quasi-illimités.

Histoire de Wurlitzer : 

WurliTzer 1015 1946-47 – 78 Tours

La famille Wurlitzer a commencé à acheter et à vendre des articles musicaux en Saxe dès 1659. Rudolph Wurlitzer a immigré aux États-Unis en 1853 et a lancé une entreprise d’import vendant des instruments au gouvernement des États-Unis pendant la guerre civile. Bientôt, il est devenu le plus grand fournisseur d’instruments en Amérique et à travers une chaîne de magasins de détail à Chicago, il a commencé à commercialiser une ligne de pianos qu’il fabriquait. Il ne fallut pas longtemps avant que Rudolph y associe mécanisme d’actionnement par pièce de monnaie et c’est alors qu’a commencé le boom des appareils musicaux actionné par pièces de la fin des années 1800.
Peu de temps après le tournant du XXe siècle, Wurlitzer est devenu célèbre pour ses orgues de théâtre ou orgue de cinéma – des instruments de musique de la famille des orgues à tuyaux, largement développé à partir de la fin du XIXe siècle que l’on trouvait dans les théâtres et les salles de cinéma pour accompagner les films muets, mais aussi la danse, la chanson, la musique d’ambiance pendant les entractes et autres manifestations sociales ou sportives, les divertissements et les concerts. Ils étaient fabriqués dans une grande installation dans North Tonawanda, N.Y., où l’usine existe encore aujourd’hui. Rudolph Wurlitzer est mort en 1914, laissant l’affaire à ses trois fils. Lorsque  la demande pour les orgues de théâtre et les pianos automatiques s’est affaibli, Wurlitzer a traversé des moments difficiles. La dépression de 1929 a failli mettre la compagnie en faillite. En 1933, le fils cadet de Rodolphe, Farny, conclut un accord avec Homer Capehart. Wurlitzer fabriquerait un phonographe fabriqué par “Erickson” appelé “Debutante”. L’abrogation de la prohibition était imminente et la demande de musique à pièces était sur le point d’exploser. L’accord est concrétisé et, en 1937, Wurlitzer avait déjà vendu plus de 100 000 phonographes.

Wurlitzer domine l’activité de phonographe à pièces jusqu’à l’introduction du disque 45 tours. À ce moment-là, le mécanisme de Wurlitzer pouvait traiter jusqu’à 24 disques, joués d’un seul côté. Seeburg introduisit un nouveau mécanisme gérant 50 disques qui pouvaient être joués des deux côtés, produisant ainsi un vrai jukebox avec 100 morceau musicaux à sélectionner. Wurlitzer tenta de rivaliser avec Seeburg, en créant de nouveaux mécanismes pour ses machines, mais ne rattrapa jamais vraiment la domination de Seeburg sur le marché de jukebox.
Au début des années 50, les opérateurs considéraient les nouveaux mécanismes Wurlitzer trop complexes et peu fiables. Après presque avoir abandonné les jukebox au début des années 60 et au début des années 70, Wurlitzer donna un dernier coup de poing en 1973 et essaya de faire un remake des vieux jukebox avec le «1050». Mais avec seulement 1600 unités produites, l’effort ne suffit pas. Wurlitzer a tenu le coup jusque dans les années 70, mais alors que la demande pour les juke-box disparait, Wurlitzer se retire des affaires.
Une entreprise en Allemagne rachète la marque Wurlitzer et fabrique des juke-box CD à bulles appelés “One More Time”. Récemment, cette société a été reprise par Gibson, une marque de guitare connue.

Histoire de Seeburg : 

Seeburg V200VL200 1955-57 Tours

Né en Suède en 1871, Jutice P. Seeburg est arrivé aux États-Unis à l’âge de 16 ans. Il s’installa à Chicago et travailla dans l’industrie du piano comme mécanicien et superviseur. En 1907, J.P. Seeburg créa son entreprise en utilisant son propre nom. Le J.P. Seeburg Piano Co. devient rapidement le premier fabricant d’Orchestrions aux États-Unis. Ces pianos automatiques regroupaient plusieurs instruments qui pouvaient imiter un groupe complet. Seeburg continua avec cette ligne d’instruments jusqu’en 1927, quand il a cessa de fabriquer des pianos pour faire un nouveau phonographe à pièces.

Seeburg fut l’un des premiers fabricants de jukebox multi-sélection avec l’introduction de l’ “Audiophone” en 1928. Cet imposante machine équipée d’une boîte à huit sélection avait des valves de commande pneumatique qui en faisait un appareil moitié nickelodeon et moitié phonographe. Ce modèle eût un succès raisonnable sans atteindre des ventes phénoménales. Dans les années 1930, d’autres fabricants étaient entrés sur le marché et vendaient déjà plus de jukebox que Seeburg. Le prochain modèle, le Selectophone, fut un désastre d’ingénierie. Les broches déformées rendaient les opérateurs fous et cette erreur mit presque l’entreprise en dépôt de bilan. Lorsque J.P. Seeburg entra dans la soixantaine à la fin des années 1930, il confia l’affaire à son fils Noël. C’était un homme d’affaires très pointu et il réorganisa l’entreprise pour rivaliser plus efficacement avec Wurlitzer et Rock-Ola. De 1940 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, Seeburg produisit quelques jukebox qui se vendirent bien.
Mais l’année 1949 Seeburg changea le visage de l’histoire de jukebox quand il inventa un mécanisme qui permettait de jouer les deux côtés de 50 disques, un vrai jukebox à 100 sélections. Ce mécanisme était si fiable qu’il mit presque tous les autres fabricants hors circuit. En 1950, Seeburg introduit le M100B, le premier juke-box à 45 tours. Au cours des années 1950, Seeburg jouit d’une place prééminente dans la production de jukebox et, en 1955, il introduit le V-200, le premier jukebox à 200 choix.
Comme la plupart des autres fabricants de jukebox, Seeburg a souffert de la baisse de demande dans les années 1970 et a fini par arrêter son activité aux États-Unis.

Histoire de Rock-Ola : 

Rock-Ola 1434 Super Rocket 1952 – 78(45) Tours

Le nom Rock-Ola est en fait dérivé du nom du fondateur de l’entreprise David C. Rockola qui est né au Canada et, qui, lorsqu’il était jeune, travailla comme mécanicien dans un magasin de réparation de machines à pièces de monnaie. En 1926, il avait sa propre entreprise fabriquant des systèmes à pièces.
Dans les années 1930, Rockola étendit son champ d’activité aux jeux de flipper et aux jeux d’arcades. Comme la demande de phonographes à pièces augmentait la tentation d’entrer dans l’arène des jukebox, Rockola acheta le mécanisme d’un homme nommé Smythe. Rockola réorganisa ce mécanisme de 12 sélections et commença à fabriquer des juke-box (1935 Rock-Ola). Farny Wurlitzer sa concurrente, considéra cela comme une menace pour son entreprise. Wurlitzer tenta de convaincre David Rockola qu’il n’y avait pas place dans l’industrie pour un autre fabricant. Devant son refus, Wurlitzer poursuivit Rockola en réclamant 1 000 000 de dollars pour contrefaçon de brevet sur le mécanisme de Smythe. Rockola finalement gagna le procès, mais cela lui coûta un demi-million de dollars en frais juridiques. Rockola était blessé mais pas à terre. Il a continua ses fabrications et en 1939 et introduisit une série de jukebox très réussis appelés “Luxe Light-Up”.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Rock-Ola inventa un système de transmission de musique par ligne téléphonique. Ce fut très populaire car cela permettait d’écouter de la musique à un moment où la fabrication de jukebox était presque arrêté en raison de l’effort de guerre. Après la Seconde Guerre mondiale, l’industrie du jukebox devint florissante. Les soldats revenaient chez eux et le temps était venu de faire à nouveau la fête. Wurlitzer sortit le modèle 1015, probablement le juke-box le plus populaire de tous les temps, et Rock-Ola présenta la série “Magic Glow” avec les modèles 1422, 1426 et 1428.
Dans les années 50 et 60 Rock-Ola et Wurlitzer étaient les deux leaders dans le domaine des jukebox. La firme présenta de nombreuses idées nouvelles, y compris un jukebox complet qui était si petit qu’il pouvait être accroché au mur! Comme la demande de jukebox baissait sensiblement dans les années 70, Rock-Ola diminua son activité. Au début des années 1990, Rock-Ola vendit l’entreprise à Glenn Streeter, propriétaire de “Antique Apparatus Co.” à Torrance, en Californie. Streeter lui donna une nouvelle vie, ce qui en fait maintenant l’un des meilleurs fabricants de jukebox aux USA encore en activité.

Le jukebox à son musée à Menin

Voir sur YouTube : “Les Jukebox – Ambiance de bars des années 60/70” par TVResidences et “Jukebox, la passion d’une époque” par Jacques Hamon

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