Film – Jusqu’au bout du monde (1991)

Wim Wenders a tourné “Jusqu’au bout du monde” en cinq mois dans 15 villes de huit pays différents et cela sur quatre continents, filmant Claire Tourneur (Solveig Dommartin) parcourant le monde à la poursuite de Trevor McPhee alias Sam (William Hurt) dont elle est amoureuse. “Jusqu’au bout du monde est un film d’amour aventureux futuriste sous forme d’enquête sur les routes du monde, ou inversement” comme le dit son réalisateur. Il y a deux versions disponible de ce film. Une de 3 heures, telle qu’elle est sortie en salle, éditée en VHS et que l’on peut encore trouver en DVD import US, et une autre, de 4h40 “Director’s cut”, éditée en coffret DVD en V.O. sous-titrée.

L’histoire a lieu en 1999, un monde futur seulement un peu plus usé, violent et technologiquement avancé que celui de la date du tournage, au tout début des années 90. Il vit sous l’ombre de la mort, après qu’un satellite nucléaire indien soit sorti de son orbite et chute en spirale vers la surface de la Terre, menaçant ses zones peuplées. Les masses de population qui essaient de fuir les sites à impact potentiel provoquent une panique mondiale. Les gens ont mis leur vie entre parenthèse, y compris une jeune femme qui a laissé son ami britannique ennuyeux, Eugene (Sam Neill), pour une aventure à Venise. En quittant la ville au volant de son auto, elle a un accrochage avec deux gangsters qui la chargent de convoyer à Paris le butin d’un hold-up. En cours de route, elle prend en auto-stop Trevor, un Américain énigmatique qui semble lui aussi compromis avec des personnages dangereux et dont elle tombe finalement amoureuse.

Wenders est le maître des road movies, comme «Kings of the Road» ou «Paris, Texas», et des films aux thèmes mystérieux, comme celui-ci. Ses scénarios ont tendance à commencer par des figures énigmatiques apparaissant de nulle part, et à continuer avec une série d’événements aléatoires qui finissent par en révéler le thème.

Le personnage de William Hurt poursuit sa mission personnelle secrète, qui l’emmène des grandes métropoles du continent européen (Venise, Paris, Moscou…) à San Francisco puis au Japon avant de le conduire finalement vers sa destination finale, dans l’Outback Australien, les territoires du nord, berceau de la culture aborigène. Claire ainsi que Eugène qui aime toujours Claire et un détective privé, Phillip Vinter, le traquent d’une destination à l’autre, tandis que les méchants leur collent au basques, mais sans jamais vraiment réussir à les intercepter.

Lorsque le satellite nucléaire indien est abattu par le gouvernement américain, l’effet résultant de l’impulsion électromagnétique nucléaire détruit toute l’électronique non blindée dans le monde. Au bout de leur voyage, alors que leur avion est tombé en panne dans l’Outback Australien, Sam (accompagné de Claire) retrouve son père Henry et sa mère Edith qui habitent dans un mystérieux laboratoire souterrain, et nous comprenons les raisons du long périple de Trevor alias Sam Farber…

Wenders a rassemblé autour de lui ses acteurs et une équipe de base de 17 techniciens, se déplaçant d’une ville à l’autre, recrutant des équipes locales, tournant souvent pendant les déplacements. Son directeur de la photographie, Robby Muller, a parlé d’essayer de maintenir une certaine cohérence visuelle dans l’éclairage et les cadrages, mais Wenders était à la merci des conditions locales de tournage, et beaucoup de scènes ont été tributaires de circonstances imprévisibles.

Dans ce très beau film, Wim Wenders est très critique quant à la boulimie technologique de notre société consumériste et aux pièges tendus par les mondes virtuels. L’Outback, évoque un lieu où les traditions orales ont survécu pendant des siècles grâce aux peuples aborigènes. C’est dans ce lieu précis que Henry Farber a établi son laboratoire protégé des impulsions électromagnétiques, se transformant peu à peu en scientifique fou obsédé par ses recherches. Mais juste quand il met au point son invention révolutionnaire (une machine permettant d’enregistrer les rêves humains), un satellite nucléaire fait des siennes et flashe la plupart des puces électroniques. À la fin du film, Sam et Claire deviennent accros à regarder leurs rêves enregistrés et il sont sauvés de la folie par les aborigènes. Toute la morale du film est résumée ici : nous, les humains, ne devrions pas oublier l’art de la narration, qui parle de nos racines, de nos contes et nos légendes ; il devient salutaire d’empêcher la technologie de nous dicter notre façon de communiquer et de rêver, sinon, nous y perdrons notre âme.

Réalisateur : Wim Wenders
Scénario : Michael Almereyda, Peter Carey, Solveig Dommartin, Wim Wenders
Directeur de la photographie : Robby Müller
Musique : REM, U2, Peter Gabriel, Elvis Costello, Patti Smith, K.D.Lang, Elvis Presley, Lou Reed, Nick Cave, Depeche mode, Talking Heads, Neneh Cherry.
Producteurs : Ulrich Felsberg, Jonathan T. Taplin

Distribution :
Solveig Dommartin : Claire Tourneur
William Hurt : Sam Farber, alias Trevor McPhee
Sam Neill : Eugene Fitzpatrick
Rüdiger Vogler : Phillip Vinter
Pietro Falcone : Mario
Chick Ortega : Chico Remy
Eddy Mitchell : Raymond Monnet
Max Von Sydow : Henry Farber
Jeanne Moreau : Edith Farber
Ernie Dingo : Burt

Voir sur Dailymotion : “Jusqu’au bout du monde (1991 – bande annonce VO)” par Aline Bretsine

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