Hifi Vintage – Thorens 126 MkIII (1977-1984) & Thorens Prestige (1984)

Historique de la marque :

En 1883, Hermann Thorens fonde à Sainte-Croix, en Suisse, une entreprise familiale de boîtes à musique et de mouvements d’horlogerie (qu’ils produisaient encore dans les années 1950), d’harmonicas, de briquets, de phonographes et de gramophones. Plus tard, ils produisirent des tourne-disques, des radios, des chaînes haute-fidélité et des enregistreurs.

Thorens commence à construire des phonographes de type Edison en 1903. Dans les années 1920, les fils de Hermann, Frédéric (1883-1976) et Paul (1899-1966), entrèrent dans l’affaire, avant d’en prendre la direction générale. L’entreprise devint société anonyme en 1927 (Hermann Thorens SA).

En 1928, ils produisent leur premier tourne-disque électrique et lancent leur gamme de lecteurs audiophiles. Thorens met à profit son expérience dans l’horlogerie de précision pour concevoir, dès la fin des années 50, des platines vinyle d’exception avec les modèles CD 63, CD 42 et 43 et CB 33. La société devient Thorens SA en 1952. En 1957, le succès de la platine vinyle Thorens TD 124 lui assure une renommée mondiale. Entre 1958 et 1961, ils sortent les modèles TD 134 et TD 184, équipés du bras de lecture BL104, puis la TD 135 équipée du bras de lecture BTD-12S.

Thorens fusionne en 1962 avec Paillard SA. La Thorens TD150 équipée du bras de lecture TP13 sort en 1965. Elle est équipée d’une suspension Thorens à contre platine flottante, une sorte de châssis intérieur suspendu qui accueille le plateau et le bras, le moteur étant fixé sur le châssis principal et l’entraînement se faisant au moyen d’une courroie élastique. Cette invention unique permet de réduire les vibrations induites par le moteur, et équipe encore aujourd’hui toutes les platines vinyle proposées par Thorens.

En 1966, la production de tourne-disques fut délocalisée en Allemagne. En 1965 Thorens sort la TD 150 équipée d’un bras TP 13 ainsi que d’une contre platine flottante et d’un entraînement par courroie. En 1968, Thorens sort la TD 125 équipée du bras TP 25.

En 1976 apparaissent les fameuses TD 126, 145, 160 et 166. La gamme 1979 s’étoffe encore avec l’arrivée des TD 105, 110, 115 puis des TD 147, 316, 524 en 1984, sans oublier le fabuleux modèle Prestige dédié au audiophiles fortunés. Ce dernier est équipée de deux bras de lecture utilisables séparément, afin de pouvoir se servir de deux cellules différentes sur la même platine sans effectuer de manutentions ou de réglages.

La Thorens TD 126 MkIII

Thorens 126 MkIII – Documentation Thorens

C’est sans conteste une des meilleures table de lecture de disques vinyles faite par Thorens. Lorsqu’elle sortit en 1976, elle concrétisait l’aboutissement d’une longue expérience dans la construction d’instruments pour la reproduction du son, conjuguée à l’utilisation de techniques de pointe en mécanique de précision et en électronique, sa robustesse permettant le maintient à long terme des exceptionnelles caractéristiques techniques initiales.

Une contre platine flottante :

Dans sa lutte pour un plus grand silence de marche, Thorens a choisi l’asservissement électronique de l’entraînement par courroie élastique, allié à son système exclusif de suspension à contre platine flottante. Toute table de lecture de disque doit nécessairement faire appel à des éléments de suspension élastiques, afin de protéger la cellule de lecture ultra-sensible, aussi bien des chocs extérieurs, que de l’effet en retour des ondes sonores émises par les haut-parleurs (effet Larsen). L’introduction de ces indispensables éléments amortisseurs entre le moteur et l’ensemble plateau-bras lecteur leur permet d’assumer une fonction supplémentaire, soit un découplage mécanique intégral de l’ensemble lecteur par rapport au dispositif d’entraînement. Le plateau tourne-disque et le bras lecteur sont montés solidairement sur la contre-platine, suspendue de manière souple et amortie au châssis extérieur, lequel supporte également le moteur. Cette technique de construction garantit aux tables de lecture de disque de la marque un rapport signal/bruit qui n’est égalé par aucun autre système d’entrainement.

Le circuit APC (Automatic Pitch Control) : 

Ce circuit qui équipe la TD 126 compense automatiquement les forces de freinage variables et corrige tout déviation de la vitesse de rotation par rapport au réglage initial. Le freinage du système d’entraînement résultant par exemple de l’utilisation d’un balai dépoussiéreur varie en fonction de son éloignement du centre du plateau ;  le circuit APC compense automatiquement de telles variations.

Le Bras de lecture Isotrack TP16 MkIII : 

La qualité d’un bras de lecture n’est pas uniquement fonction de la liberté de de ses articulations, mais aussi de son facteur d’inertie. Cette inertie empêche le bras de suivre parfaitement les inégalités de surface présente sur tous les disques. Pour remédier à cet inconvénient, il est normalement nécessaire d’introduire une force d’appui excessive de la pointe de lecture sur le disque, ce qui provoque une usure inutile sur tous les disques.

Thorens a résolu ce problème de l’inertie des bras de lecture en éliminant toute masse inutile. La tête de lecture n’a pour seule fonction que de protéger la cellule, le lourd raccord étant reporté à proximité des paliers du bras, là où son poids n’influence pratiquement pas le facteur d’inertie du bras de lecture. Les bras de lecture Thorens isotrack sont des bras linéaires et non en forme de S. L’angle de courbure nécessaire entre le bras et la cellule de lecture pour une erreur de lecture minimum, ne dépend nullement de la forme du bras tubulaire. Les bras de lecture conventionnels ont tous une masse effective de l’ordre de 15 à 20 grammes là où elle fait moitié moins sur un bras Thorens. Il devient ainsi possible d’appliquer à chaque cellule de lecture la force d’appui minimale pour laquelle elle a été construite. Un traitement de surface de la section de bras tubulaire (Technique Split Wave), absorbe les vibrations parasites du bras de lecture.

Un arrêt automatique électronique à vélocité sans friction : 

Le sillon terminal des disques comportant un pas plus grand – les sillons sont plus éloignés les uns des autres – le déplacement du bras de lecture subit une accélération vers le centre du disque. Cette augmentation de la vitesse  angulaire est détectée par un circuit électronique qui commande le relèvement du bras et l’arrêt du moteur. Un tel arrêt électronique fonctionne donc sans altérer en quoi que ce soit la qualité de la platine disque. Il permet la lecture des plages situées en fin de face, même sur les disques dont les derniers sillons vont au-delà des normes admises.

Un circuit logique approprié empêche le déclenchement de l’arrêt automatique lors du déplacement rapide, à la main, du bras de lecture au-dessus du disque. Le dispositif de commande du bras de lecture (abaissement et relèvement) est entraîné par un servo-moteur additionnel. (Source : documentation Thorens).

Prix : On les trouve d’occasion, à partir de 600 € en bon état.

Thorens Prestige

Thorens Prestige – Catalogue Thorens 1984

Les platines Thorens sont célèbres dans le monde entier pour leur excellence. Mais la Thorens Prestige est une platine à part, résultat d’un raffinement constant, de solutions éprouvées et d’un engagement permanent de la marque impliquant une philosophie de produits basée sur l’excellence. Dans cette platine, l’accent est mis sur la qualité sonore qui de toute évidence, intègre le célèbre système à châssis flottant Thorens.

Un poids de 55 kg, un plateau de 6,6 kg…

La platine pèse 55 kg, ses dimensions sont impressionnantes (61,5x51x31cm), son socle principal reposant sur quatre pieds amortisseurs réglables en hauteur. Le moteur synchrone biphasé asservi, solidement fixé sur le châssis fixe principal, entraîne le plateau tourne-disque à l’aide d’une longue courroie souple en caoutchouc. Les vibrations potentielles du moteur sont donc isolées du plateau tournant et aussi des deux bras de lecture disposés sur le châssis suspendu. La masse du plateau tourne-disque (qui pèse plus de 8 kg si l’on y intègre le poids conséquent du stabilisateur central) explique l’absence de tout bruit de fond propre à la platine.

Le grand plateau (diamètre 34 cm, hauteur 12 cm) est absolument exempt de résonances et contribue de façon décisive à la stabilité de l’image sonore de la Prestige. La paroi extérieure du plateau comporte 24 cavités remplies de granules de plomb, empêchant ainsi toute résonance parasite. Une solution propre à Thorens.

L’arbre du plateau tourne-disque est un composant usiné avec précision faisant 15 mm de diamètre. Le châssis fixe principal et le châssis flottant sont construits en utilisant la technologie de couche multiple conçue pour éliminer des résonances indésirables. Toutes les commandes sont situées sur le panneau avant fixe, le châssis flottant supportant le plateau et les bras lecteur qui sont découplés au moyen d’une suspension commandée par gravité à quatre points.

Deux plates-formes de montage de bras permettent l’utilisation de n’importe quel bras de lecture long ou court de l’époque (SME 3012 R Gold par exemple). La hauteur de chaque plate-forme de montage peut être ajustée séparément et chaque bras possède son propre dispositif de repérage actionné électriquement depuis le panneau avant.

Les vitesses nominales sont contrôlées par quartz et surveillées en permanence sur la platine elle-même. Le dessous du plateau porte une piste magnétique. Un circuit de commande électronique compare la vitesse de rotation du plateau avec la vitesse nominale. Les moindres déviations sont enregistrées et corrigées.

Une platine rare et chère : 

La prestige ne fait usage que de matériaux nobles, y compris d’un certain nombre de pièces en plaqué or. C’est une réalisation d’exception. Lancée pour le 101e anniversaire de Thorens, au départ seules 101 platines Prestige devaient être commercialisées. Cependant, le modèle resta disponible sur commande au moins jusqu’en 1993 – à 15 000 $ tout de même – et donc, le nombre d’exemplaires commercialisés fut plus important que prévu. Malgré son prix, la Prestige s’est vendu très bien… surtout au Japon, pays des audiophiles fortunés! Elle est rarissime en occasion, et lorsqu’on la trouve, il faut compter un minimum de 8000 $ avec un seul bras de lecture et sans cellule. Comptez donc au minimum 15.000 $ pour en débusquer une en parfait état et toute équipée…

Ci dessous, quelques Pubs Thorens sur la TD 126 MkIII et la Prestige ainsi que son banc d’essai parue sur une revue de l’époque.

Hifi Vintage – Enceintes Bose 901 (1969-2017)

La Bose 901 Série 1 (1969-1973) :

Dès sa sortie au début des années 70, la Bose 901 a créé plus d’agitation dans les cercles audio que n’importe quelle autre enceinte acoustique. Une grande partie de sa popularité est attribuable aux articles dithyrambiques que certaines revues de technique audio lui dédièrent, notamment Stereo Review, et il ne fait aucun doute que les annonces convaincantes de son inventeur, l’éminant Dr. Amar Bose, professeur au M.I.T., eurent également leur effet. Mais tous ces éléments ne peuvent expliquer à eux seuls l’extraordinaire popularité de la 901.

Peut-être le facteur le plus important dans son succès est lié à son champ sonore incroyablement profond, ce qui rend d’autres systèmes placés dans le même showroom un peu triviaux, comme si la 901 était un modèle de clarté et d’ouverture du son et les autres une pâle imitation. Les 901 ont un son fantastiquement ouvert avec de bonnes basses et une présence exceptionnelle qui semble projeter les artistes à leur place originelle dans un auditorium.

Une marque devenue prestigieuse et un modèle 901 toujours en vente depuis presque 50 ans : 

La marque est encore de nos jours une des plus réputées dans le domaine de la Hifi et continue à produire le modèle 901, aujourd’hui dans sa version 6. Pour ce faire la 901 utilise 9 haut-parleurs de 11,5 cm identiques sans filtrage dont un seul est dirigé vers l’auditeur, les huit autres assurant 89% de la dispersion énergétique vers l’arrière suivant un angle étudié. Le tout est disposé dans un boitier dont la structure est en plastique. Évidemment, il ne faut pas dans ces conditions s’attendre à une réponse linéaire, aussi chaque paire d’enceintes est vendue avec un équaliser actif à placer entre le préamplificateur et l’ampli. Théoriquement, elles peuvent encaisser 450 W sans broncher…

Des enceintes exceptionnelles avec quelques défauts, notamment un positionnement délicat : 

Les gens qui les apprécient ont été dûment impressionnés par les qualités énoncées. Mais comme beaucoup d’enceintes acoustiques, les 901 sont sensibles au positionnement dans la pièce. Les ondes stationnaires, qui déterminent dans une large mesure une légère coloration acoustique du lieu d’écoute, sont mis en résonance par les ondes sonores provenant des coins de la pièce. Le fait est que, dans un salon de taille typique, placer un haut-parleur dans un coin produira un sursaut de graves. Une fois sorti du coin, cependant, l’efficacité avec laquelle chaque onde stationnaire est minorée dépendra de l’emplacement précis des enceintes par rapport au coin de pièce. A moins d’un mètre, elles peuvent seulement effleurer la résonance majeure de la salle. Mais cela peut varier en fonction de la distance et des fréquences reproduites. Plus la salle est grande, moins le placement du haut-parleur est critique, mais dans de nombreuses salles d’écoute typiques, un changement de position du haut-parleur de quelques dizaines de centimètres peut faire la différence entre un grave trainant et imprécis et un grave ayant un impact sec et bien défini.

Dans la 901, la majeure partie de l’énergie provient de son angle large à l’arrière. Le seul transducteur à l’avant ne fournit qu’une faible fraction de l’énergie totale rayonnée. Le spectre audio entier est rayonné avec une production arrière prédominante. L’onde arrière est alors réfléchie par le mur situé derrière les haut-parleurs, ces réflexions “pulvérisant” le son dans toute la salle d’écoute. Le résultat est que, s’il y a des fréquences de résonance possible dans cette salle, elles seront toutes stimulées au maximum. Et bien que les 901 soient moins critiques au niveau du placement en salle en ce qui concerne l’imagerie stéréo que la plupart des autres systèmes, leurs emplacements approximatifs sont néanmoins circonscrits par les exigences d’un mur arrière proche et les prescriptions habituelles de placement symétrique dans la pièce. La performance des basses finit donc par être plus dépendante des caprices de la salle que des capacités inhérentes des haut-parleurs.

Ainsi, certaines installations de 901 auront des basses profondes et bien définies, tandis que d’autres (la majorité) présenteront des résonances incontrôlées des basses à des fréquences qui sont entièrement fonction des dimensions de la pièce. Cela explique sans doute les réactions très conflictuelles des différents auditeurs qui ont écoutés les Bose 901 dans des magasins ou les ont achetés pour un usage domestique.

Il est probablement juste de dire que la 901 exagère réellement l’espace des enregistrements, plutôt que de le reproduire tel qu’il est contenu dans l’enregistrement. Mais comme la reproduction stéréophonique à deux canaux est intrinsèquement déficiente en qualités spatiales de toute façon, on peut dire que le résultat net est une amélioration du réalisme. La 901 ne synthétise pas l’espace supplémentaire, cependant. Elle améliore simplement ce qui est déjà sur l’enregistrement. Ainsi, un enregistrement fait à l’extérieur ne sera pas imprégné de l’espace de la salle de concert, mais sonnera avec plus de conviction.

Le problème de la 901 est que la première des ondes rétro-réfléchies nous atteint un temps relativement long après l’onde rayonnante frontale, et si cela n’a aucune conséquence dans la mesure où l’information spatiale est concernée – et peut effectivement l’améliorer – cela ne peut que nuire aux détails de ces signaux qui représentent le son direct dans l’enregistrement. L’effet de priorité peut conserver la localisation des sons directs, mais il ne peut empêcher les sons rétro-réfléchis d’être audibles une fraction de seconde plus tard. Et comme chaque onde radiale arrière nous atteint à partir d’un nombre infini de distances, elle n’arrive pas comme une seule impulsion retardée, mais comme un mélange. Il n’y a pas d’écho perceptible – le délai est trop court pour que l’oreille le perçoive comme un espace. Au lieu de cela, il y a ce qui semble être un ramollissement marqué des détails, comme si chaque son était suivi d’une décroissance rapide plutôt que d’une cessation brusque du son, ce qui peut être gênant.

L’équalisation :

L’équaliseur de la 901 (qui se situe entre le préamplificateur et l’ampli de puissance) a une position de commutateur qui atténue la gamme au-dessous d’environ 50Hz (pour réduire le “rumble” des tourne-disque et d’autres perturbations de basse fréquence) et ceci peut aider à soulager la situation dans beaucoup de cas, si utilisé. Mais puisque l’atténuation des basses est un “gros mot” pour la plupart des audiophiles, peu de gens l’utilisent, ce que l’on ne peut pas imputer au système de reproduction. Le filtre ne peut cependant pas faire face à des résonances supérieures à 50 Hz.

L’équalisation permet surtout de compenser les carences des haut-parleurs aux extrémités haute et basse du spectre audio. Bien entendu, une égalisation de ce type est correcte si elle est modérée sous peine de distorsion. Ce qui est préoccupant au sujet de la 901, c’est l’intensité de l’appoint compensatoire utilisé, plutôt que le fait qu’il soit utilisé. L’équaliseur qui fait partie du système 901 offre une sélection de courbes de réponse via plusieurs commutateurs de face avant, mais même dans le mode de fonctionnement qui est identifié comme ayant la réponse la plus plate, les haut-parleurs sont alimentés assez substantiellement en basses et en aigus. Et il n’est pas évident que cela puisse produire une performance aussi bonne que celle obtenue à partir d’un système qui en nécessiterait moins ou pas du tout.

Les haut-parleurs sont capables d’émettre des niveaux vraiment respectables (même sur des programmes musicaux chargés en basse) sans distorsion débordante lorsqu’on ne dépasse pas une puissance raisonnable (une trentaine de watts) avec l’égaliseur réglé pour avantager les basses (c’est-à-dire avec l’égalisation cessant à 40Hz).

Amar Bose a abordé l’incontournable problème de la résonance des graves dans les haut-parleurs en déplaçant ce pic en fréquence (à environ 200Hz) et en appliquant un fitrage de 6dB/octave pour l’annuler. Mais qu’en est-il réellement de cette résonance 200Hz? Bose soutient que les neuf HP ont des fréquences de résonance légèrement différentes, et que la résultante de toute devient «inaudible» ce qui est d’après certains une vision des choses assez “optimiste”.

L’équalisation peut amener aussi un cône de haut-parleur à réagir plus rapidement à un signal transitoire dans les aigus, mais il ne peut pas réduire l’inertie du cône, et donc ne peut pas augmenter la capacité du cône à cesser de bouger une fois le transitoire passé. Le fait demeure que certain n’apprécient pas cet excès d’équalisation dans le haut du spectre qui donne une plutôt mauvaise appréciation des détails et de la définition musicale.

La tendance au voile des 901 n’attirera pas les perfectionnistes audio possédant des amplificateurs haut de gamme à tubes. Mais ce sera un avantage certain pour la plupart des adeptes de la hi-fi, car il adoucira la dureté du son des électroniques à semi-conducteurs de moyenne gamme ainsi que la distorsion des disques imparfaitement enregistrés (qui sont pléthores de nos jours).

Conclusion :

Les 901 produisent une apparence d’ambiance naturelle plus réaliste que n’importe quel autre système de haut-parleur, et sont exceptionnelles à beaucoup d’égards. Elles sont idéales pour les amateurs de rock pour qui l’impact sonore pur est d’une importance primordiale, et pour les auditeurs de musique classique qui veulent une grande profondeur de champ. Ces enceintes ont été améliorées au fil du temps, et réalisées dans 6 déclinaisons différentes, chaque millésime apportant son lot d’innovations. Pour certains (nombreux) les 901 sont magiques et devenues légendaires, pour d’autres (les perfectionnistes qui ont développé un goût systématique pour les subtilités du détail et du timbre) elle ne valent pas leur réputation. Il est donc nécessaire de les écouter avant de les acquérir.

Les millésimes : Série I : 1968 ; Série II : 1973 ; Série III : 1976 ; Série IV : 1978 ; Série V : 1983 ; Série VI : 1989.

Prix de la paire en 1978 : 9300 Francs soit une somme actualisée de 5336 € avec 276% d’inflation.

Prix d’occasion de la série IV :  600 € environ.

Prix des Bose 901 Série VI neuves aux USA : 1398,5 $.

Voir ci-dessous : un banc d’essai du magazine Stereoplay consacré aux Bose 901 Série IV

 

Sono Vintage – Amplificateur Crown K2 (1997-2002)

Cet amplificateur professionnel est exceptionnel a plus d’un titre : d’abord, comme une bonne partie du matériel haut de gamme sono, il tient la dragée haute au matériel dit “hi end” parfois beaucoup plus onéreux. Chez certains audiophiles, le K2 est employé uniquement pour alimenter un caisson de basse, ou de bas médium en multi-amplification. Certains professionnels du son l’utilisent encore en studio d’enregistrement car il est silencieux (autant par son électronique : aucun souffle, que par son système de refroidissement : pas de ventilateur), il dispose d’une réserve d’énergie à couper le souffle (2x500w), d’un médium 100% neutre avec aucune distortion (ce qui chagrine beaucoup les possesseurs d’amplis à tubes, amateurs de distorsion harmonique paire, qui le trouvent sans âme), de basses puissantes et d’une écoute à haut niveau impressionnante. Sa neutralité mettra aussi en avant le moindre défaut dans un système ou dans un enregistrement audio.

Dans le Crown K2, c’est le châssis d’aluminium qui assure la dissipation thermique. On notera que l’alimentation est classique et non à découpage, contrairement au fonctionnement de l’amplificateur, ce qui explique son poids relativement élevé de 17,3 kg. Réaliser un ampli d’une telle puissance, totalement dépourvu de ventilateur n’était pas évident à l’époque. Pourtant, Crown l’a fait dès 1997 avec le K2 en mettant au point sa technique BCA, Balanced Current Amplifier, ce qui pourrait se traduire par Amplificateur à Courant Équilibré ou Symétrique. Cette technique réside dans une structure particulière d’amplification à commutation, conduisant à un rendement plus élevé que sur une amplification à découpage classique.

La façade, moulée dans un alliage en aluminium, épouse la forme du transformateur d’alimentation torique. Les signaux entrent à l’arrière sur des prises XLR doublées par des jacks. Quatre commutateurs adaptent le fonctionnement de l’appareil à différents besoins. Le premier adapte la sensibilité de l’entrée du premier ampli à la tension de sortie du périphérique. Le second passe l’ampli en pont. Le troisième relie les deux entrées en parallèle et le dernier change la sensibilité de l’autre amplificateur. Ces commutations permettent donc de relier les amplificateurs les uns aux autres en parallèle, de travailler en pont ou en deux canaux.

En façade, les potentiomètres ajustent le gain et une série de diodes indique le comportement de chaque amplificateur : présence de signal, écrêtage, entrée en service du limiteur de distorsion et intervention de la protection thermique car, si cet amplificateur n’a effectivement pas de ventilateur, il chauffe lorsque l’on atteint ses limites. Dès que le voyant commence à s’allumer, il faut baisser un peu le niveau de sortie, sinon il le fait lui-même automatiquement. Le K2 bénéficie aussi d’un niveau de veille : en présence d’un signal d’entrée trop faible, le circuit de commutation se voit complètement coupé et aucun signal ne sort. Ce noise gate sera avantageusement supprimé en utilisation Hifi. Pour cela, il suffit de faire un strap entre deux points de soudure sur le circuit imprimé situé au fond à gauche de l’ampli, capot ouvert. Voir photo ci-dessous.

Prix de vente en 1997 : 14.280 Francs soit 2854 Euros avec 31% d’inflation. Prix d’occasion : 500 Euros.

Technique : L’amplification numérique et la classe D :

L’amplification numérique utilisée dans de nombreux amplis actuels depuis quelques années est une modulation en largeur d’impulsion, en anglais (PWM). La majeure partie des amplificateurs en Classe D avec une entrée numérique comporte un convertisseur audio, un DAC qui transformera le signal numérique PCM de votre source en train d’impulsion PWM dans des transistors ou intégrés de type mosfet. Malgré ses avantages indéniables au niveau de l’efficacité (entre 85% et 90% comparé au 60% de l’analogique), du dégagement de chaleur et des coûts de construction moindres, elle est connue pour générer des parasites hautes-fréquences, du moins pour les réalisations d’entrée de gamme, ce qui est ennuyeux en Hifi.

La classe D est souvent associée à tord à l’amplification numérique mais elle est en fait analogique. La lettre D est utilisée pour désigner ce type d’amplificateur car c’est la lettre qui vient après C, cela n’est pas une abréviation de « digital ». Les amplificateurs de classe D et E sont parfois qualifiés, à tort, de numériques. Cette confusion vient de la forme d’onde de la sortie qui ressemble à un train d’impulsions numériques. En fait, ces amplificateurs fonctionnent sur le principe de la modulation de largeur d’impulsion. Un signal de sortie numérique serait en modulation d’impulsion codée. La classe D est elle aussi difficile à mettre en œuvre, notamment à cause du filtre de sortie qui doit être efficace sous peine d’avoir des parasites désagréables, en raison des problème des rayonnements de fréquences de découpage… 

C’est le même problème pour les alimentations à découpage. Le rayonnement dû aux fréquences de découpage parasite l’audio (surtout vers le haut du spectre), c’est quelquefois problématique.

Hifi Vintage – Enceintes Klipsch Heritage La Scala (1963-2017)

Paul Wilbur Klipsch (PWK) était un pionnier américain de l’audio, notamment dans le domaine des enceintes acoustiques, un véritable excentrique et un fier membre du Hall of Fame de l’ingénierie et de la science. Il créa sa société à Hope, Arkansas en 1946. La société Klipsch est réputée pour la fabrication d’équipements audio et pour son rôle dans le développement de la haute-fidélité. Elle se caractérise par une approche de la restitution sonore à «haut-rendement» utilisant le principe du pavillon.

Klipsch a donné naissance à des technologies de haut-parleur qui ont séduit des générations d’amateurs de musique. Passionné par la radio et la reproduction sonore, Paul W Klipsch en est venu à s’intéresser à l’utilisation des pavillons sur les conseils d’un camarade de la Stanford University et a profité de son service militaire pour mettre ses idées en pratique entre 1931 et 1933. En 1938 il perçoit l’intérêt de loger une enceinte acoustique dans le coin d’une pièce d’écoute et commence à développer l’enceinte acoustique Klipschorn qu’il commercialise en 1946. Cette enceinte acoustique est toujours fabriquée 70 ans plus tard. Son principe est relativement simple : trois haut-parleurs (aigu, médium et grave), dont deux chargés par des pavillons. L’emploi du pavillon permet de diminuer énormément l’excursion de la membrane des haut-parleurs, et ainsi de minimiser la distorsion, tout en augmentant le rendement. Par ailleurs, les pavillons canalisant mieux le son, les pertes dans les hautes fréquences et les médiums sont moindres, contrairement aux autres types d’enceintes classiques.

Klipsch Heritage La Scala II :

Issue de la gamme Heritage, l’enceinte La Scala est un modèle de prestige, dont la première version a été conçue en 1963. Elle fut élaborée à une époque où la puissance des amplis était peu élevée, mais elle peut quand même se permettre d’encaisser une bonne centaine de watts avec une sensibilité exceptionnellement élevée de 105 dB/1W/1M (Avec de telles valeurs, on arrive au seuil de la douleur). Avec elle, Klipsch a réussi à combiner pour la première fois un rendement exceptionnel, une taille raisonnable et une bonne réponse dans le grave. En effet, la charge par pavillon du haut-parleur de grave implique presque toujours des dimensions trop importantes au niveau domestique. Le génie de Paul W Klipsch fut de charger le haut-parleur de grave avec un volume triangulaire sans aucun amortissement. Cette enceinte est fabriquée à la main aux États-Unis. Elle a été développée pour les auditeurs en quête d’une restitution musicale réaliste, quelle que soit la source écoutée qu’elle soit analogique ou numérique. Ainsi, le volume sonore potentiel peut être restitué de manière réaliste, que ce soit un un orchestre symphonique ou un groupe de rock et cela même avec un amplificateur de faible puissance (à tubes de préférence).

Enceinte 3 voies :
Amplification acoustique par pavillon (2 exponentiels et un arrière replié)
Finition bois et structure en contreplaqué multi-plis

Caractéristiques techniques :
Puissance : 100 Watts continu (400 Watts crête)
Réponse en fréquence : 51 Hz – 17 kHz (± 4 dB)
Sensibilité : 105 dB /1 W /1 m (SPL max : 121 dB)
Fréquences de coupure : 400 Hz et 4500 Hz
Impédance : 8 Ohms

Haut-parleurs : 
Haut-parleur de grave de 38 cm à cône en fibre composite
Compression médium K-55-X de 5 cm, diaphragme en titane
Compression aigu K-77-D de 2,5 cm

Dimensions : 
Dimensions (lxhxp) : 610 x 900 x 620 mm
Poids : 90 kg (pièce)

Prix : 5000 Euros (pièce)

 

Sono Vintage – Console discothèque Freevox DJ-Club (1993-2003)

Les débuts de la marque :

C’est en 1968 que Gérard Poncet, ingénieur en électronique et saxophoniste réputé, lance la marque Freevox. Il débute en fabriquant des consoles pour orchestres et concerts, puis des tables de mixage pour discothèques et radios. Grâce à son oreille de musicien de Jazz et à sa grande compétence dans le domaine de l’électronique audio, le matériel sera conçu avec un souci d’excellence du son.

Les modèles les plus célèbres de Freevox : 

DJ SIX : Une table de mixage 6 voies, dont 2 voies mono, micro/line côté gauche et 4 voies stéréo côté droit. Les 4 voies stéréo on un égaliseur trois voie, toutes les voies ont un sélecteur, line/micro pour les 2 voies mono et riaa/line pour les 3 premières voies stéréo et la dernière en line/line. Les vumêtres à leds sont verticaux, ce qui deviendra la règle chez Freevox.
CLUB : Toujours en 1974, sortie de la série d’entrée de gamme série CLUB, avec la série CLUB 6 en 6 voies et la série CLUB 10 en 10 voies,
DJ CLUB : Ce haut de gamme de la marque apparu au début des années 80 deviendra peu à peu la référence des DJs ; c’est une console a 10 voies : 3 voies mono micro/line dont la voie DJ, 6 voies stéréo, dont 3 phono/line et 3 line/line, et une voie spéciale dédiée aux Jingles.
ANTENNA : En 1980 sort l’Antenna version 1, suivie bientôt d’autres séries plus complètes sur les voies stéréo, équipées d’un voice-over plus performant. Cette console est dédiée aux Radios et grosses Discothèques. Equipée dans sa partie gauche de 6 voies micro/line mono avec des faders de 60 mns d’origine ALPS, et d’une voie DJ avec un grand fader comme les voies stéréo. Les voies stéréo sont au nombre de 6 équipées de faders longue course (MCB ou P/G). 3 des voies sont des phono/line et les 3 autres des line/line. Ce modèle est équipée d’une alimentation externe.

La Freevox DJ CLUB :

En 1993, Collyns reprend la marque Freevox qui bénéficie depuis longtemps d’une excellente image de marque de mélangeurs haut de gamme (forgée dans les années 80). Il garde le même objectif qualitatif que son précédent propriétaire comme en témoigne la nouvelle mouture 1993 de la DJ Club, une table devenue légendaire dans le milieu de la nuit que certaines discothèques possèdent encore 20 ans plus tard! Sa production perdurera jusqu’en 2003.

Analyse des commandes de la table :

Fidèle à l’esprit Freevox, Collyns reprend la couleur “lie de vin” caractéristique de la marque pour la façade de la DJ Club. Bien que nettement plus large que le rack 19 pouce standardisé, elle se borde d’oreilles de fixation après encastrement dans le meuble de régie. L’alimentation passe par un bloc séparé ce qui améliore nettement le rapport signal/bruit. La façade est en aluminium photo-anodisé, technique qui permet de décorer la console en y inscrivant un dessin sans relief, quasiment indélébile et qui résiste à tous les solvants.

La DJ 10 reçoit deux voies micro DJ (micro/line), dotées chacune d’une entrée XLR symétrique, la symétrie ayant la propriété d’éliminer les signaux parasites. Un potentiomètre ajuste le gain de voie pour éviter l’effet larsen. Le correcteur de timbre est un modèle à trois potentiomètres (grave, médium, aigu). Ces voies sont équipée d’un départ d’effets, d’une préécoute et d’un talk over débrayable (atténuation automatique  de la musique donnant priorité à la voix). Les voies d’animations sont monophoniques mais sans panoramique (réglage droite, gauche). Toutes les autres voies  stéréophoniques reprennent la configuration : réglage de gain, correcteur de timbre à trois boutons, départ d’effet à commutation avant/après, et touche d’écoute avant mélange. Elles sont de trois types :  une voie Micro/Ligne, trois voies phono ou CD/Micro et quatre voies Ligne/Ligne. Toutes sont équipées de commande de départ à distance associé à une touche mettant en service ou non ce départ.

Le constructeur a prévu deux sorties stéréo, chacune avec sortie symétrique et réglage de balance, ce qui permet de  sonoriser deux zones, ce qui est fréquent en discothèque. Freevox reprend aussi son correcteur Disco Sound, une sorte de loudness spécifique à la marque centré sur 70 hz qui améliore les basses les plus percutantes. Trois indicateurs à diodes électroluminescentes affichent le niveau du signal audio, deux sont connectés aux sorties droite et gauche, le dernier au circuit de contrôle des voies. Des sortie annexes délivrent un signal musical pris en amont de l’atténuateur automatique, ce qui sera utile pour un enregistrement, ou une sonorisation d’ambiance. Une autre sortie délivre le signal complet. La prise casque se double d’une sortie RCA sur laquelle on pourra brancher un amplificateur cabine équipé de volume.

Réalisation Technique:

Compte tenu des dimensions de sa table, Collins adopte une technique de fabrication par tranche et utilise pratiquement les même circuits imprimés pour toutes ses tranches (les voies Ligne/Ligne étant allégées des préampli RIAA). Les circuits intégrés sont des TL072, tous montés sur support ; deux d’entre eux, connectés à la masse, serviront de pièce de rechange en cas de problème (une bonne idée pour la maintenance que la standardisation du type de circuit intégré favorise). Les potentiomètres de mixage, des ALPS professionnels, coulissent en douceur. Ils sont soudés sur la plaque époxy et reliés aux cartes par un câble plat, ce qui évite toute erreur de câblage et permet un changement rapide. Par contre, le potentiomètre de fondu enchaîné est relié à la console par des câbles soudés, ce qui est moins pratique.

Conclusion :

Beaucoup de voies d’entrée, pas mal de sorties, une commande de démarrage : la DJ Club offrait un équipement confortable. Ses potentiomètres de mélanges avaient une course longue, précise et agréable. La fabrication professionnelle se traduisait certes par un prix de vente élevée, mais on en avait pour son argent…

Tarif en 1993 : 20.000 Francs soit 4300 € avec 41% d’inflation sur la période. Prix d’occasion : à partir de 500 €.
Photo de présentation : Oudinlemagicien35.
Galerie Photo : freevoxleretour et Doc. Freevox.

 

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