Film – Le bonheur est dans le pré (1995)

Le protagoniste est un chef d’entreprise, Francis Bergeade, patron d’une usine de lunettes de toilettes thermoformées (ça ne s’invente pas) dans une petite ville du Juras. Il est harcelé par ses employées qui font grèves sur grèves, mais aussi victime d’un contrôle fiscal. Pour arranger le tout, il est régulièrement humilié et ignoré par son épouse Nicole, et l’activité principale de sa fille Géraldine consiste à dépenser son argent sans jamais témoigner de reconnaissance à son égard. Ses seules joies dans la vie sont les virées au restaurant que son pot Gérard (un vendeur de voiture bon vivant) lui programme. Suite au stress, il fait un malaise et se retrouve hospitalisé. Pendant qu’il est sur son lit d’hôpital, Dolorès Thivart une éleveuse de canard du Gers et ses deux filles participent à l’émission TV “Où es-tu ?” ( une sorte de “Perdu de vue”, l’émission télévisée de type reality show, diffusée chaque mois sur TF1 dans les années 90 et animée à l’époque par Jacques Pradel). Ici, le présentateur est joué par Roger Gicquel. Le principe du show consiste à rechercher avec l’aide des téléspectateurs, un proche perdu de vue, en l’occurrence, leur mari et père, un certain Michel Thivart, disparu vingt-six ans plus tôt. Or, Michel Thivart ressemble trait pour trait à Francis, et des gens de son entourage ne tardent pas à prévenir le présentateur. Au début, Francis commence par nier, mais comme personne ne le croit, et pour échapper à sa vie déprimante, Francis se laisse convaincre par Gérard de se faire passer pour Michel Thivart et de partir rencontrer Dolorès et ses filles dans le Gers…

À l’origine, c’est Gérard Depardieu qui devait jouer Gérard Thulliez, au côté de Jean Carmet dans le personnage de Bergeade. Mais le décès de Carmet a modifié le tendem initial qui s’est transformé en duo Eddy Mitchell-Michel Serrault.

Cette comédie n’est pas très morale mais finit bien. Cela signifie que le bonheur, contrairement à ce que disent les biens pensants ne rime pas toujours avec la vertu. D’ailleurs dans ce film, c’est cela qui est amusant pour le (télé)spectateur.

Le film a été tourné à Vic-Fezensac, dans la campagne du Gers. Il a si bien marché à l’époque, que le département a vu son tourisme exploser. Il semblerait qu’il s’en est suivi aussi une hausse de l’immobilier local.

Dans une interview de Jean-Baptiste Drouet, Étienne Chatiliez déclare en parlant du film:
“Vous savez, le foie gras, l’armagnac, le bon vin et l’amitié sont des valeurs éternelles. Ce long-métrage véhicule des plaisirs simples. Il parle de cette province que je connais bien et que j’apprécie particulièrement. N’oubliez pas non plus que j’ai grandi, jusqu’à l’âge de 14 ans, à Marcq-en-Barœul, dans le Nord, région où j’ai réalisé La vie est un long fleuve tranquille. Le bonheur est dans le pré est lui sorti le 6 décembre 1995, la France était alors en pleine grève. Tout le pays était bloqué dans un froid glacial, et les Français souffraient. En sortant de la séance, les gens disaient : « Si seulement la vie pouvait être aussi douce que dans ce film…”

Réalisateur : Étienne Chatiliez
Scénario : Florence Quentin
Production : Charles Gassot
Musique : Pascal Andreacchio
Costumes : Edith Vesperini

Distribution :

Michel Serrault : Francis Bergeade
Sabine Azéma : Nicole Bergeade
Alexandra London : Géraldine Bergeade
Carmen Maura : Dolorès Thivart
Virginie Darmon : Françoise Thivart (Zig)
Guilaine Londez : Sylvie Thivart (Puce)
François Morel : Le comptable
Yolande Moreau : Lucette
Eddy Mitchell : Gérard Thulliez
Éric Cantona : Lionel
Joël Cantona : Nono
Patrick Bouchitey : Jean-Paul
Roger Gicquel : Le présentateur TV

Voir sur YouTube : “Le Bonheur est dans le Pré – Trailer”

Film – Vampire, vous avez dit Vampire ? (1985)

Conçu à l’apogée des films d’horreur, “Vampire, vous avez dit vampire?” fonctionne bien parce que son scénariste-réalisateur Tom Holland approche le style avec nostalgie selon les canons du genre.

Le meilleur commentaire du film “Vampire, vous avez dit vampire?” vient de Roddy McDowall, qui joue un vieil acteur de films de vampires. “Les enfants d’aujourd’hui,” se plaint-il, “ont perdu patience avec les vampires. Ils veulent voir des assassins fous coupeurs de têtes.” Il a raison. Les vampires, qui sont condamnés à vivre éternellement, ont survécu à leur mode mais ils ont été remplacés par des psychopathes portant des masques grotesques qui parasitent les films d’horreur pour adolescents.

“Vampire, vous avez dit vampire” est une tentative de rectifier le tir. Il met en vedette William Ragsdale en adolescent impressionnable qui est convaincu que des vampires ont aménagé à côté de chez lui. D’ailleurs, il ne faut pas être un détective pour comprendre cela. Les vampires font presque étalage de leurs natures impies, exécutant des rites étranges devant les fenêtres ouvertes, et disposant les corps de leurs victimes dans des sacs à ordures en plastique. Ils le font sans crainte sachant que personne ne croit plus aux vampires.

Le gamin appelle les flics. Les vampires ont une explication plausible pour leurs activités. Le gamin prétend qu’il doit y avoir un cercueil quelque part dans le sous-sol. Les flics l’avertissent qu’ils n’ont pas de temps à gaspiller et ils partent. Alors, quand les vampires commencent à devenir vraiment menaçants, le gosse n’a personne pour le croire, sauf le vieux Peter Vincent (McDowall), l’ancien acteur de série B de films d’horreur qui vient d’être licencié de son émission TV sur ce thème.
McDowall sait tout sur les vampires: comment les détecter, comment les repousser, comment les tuer. Mais il n’est pas très doué pour payer son loyer et garder son job. Pour 50 dollars, il accepte une visite chez les vampires ce qui met en place la deuxième moitié du film. La première partie du film est fondamentalement drôle. La deuxième moitié fait la part belle aux effets spéciaux spectaculaires conçus par Richard Edlund, celui qui a créé les trucages de «Ghostbusters». Depuis qu’une partie de l’amusement dans les films de vampire est est lié aux effets spéciaux, Edlund doit marcher sur des œufs, et ici il le fait bien. Il nous donne des bonnes scènes de transformations et de décompositions, et semble connaître sa partie dans le domaine des vampires, bien que le film ne déborde pas d’action.

Le personnage central du film, cependant reste le personnage de Roddy McDowall, dont le nom, Peter Vincent, est évidemment censé nous rappeler Peter Cushing et Vincent Price, les deux grands acteurs de films d’épouvante. McDowall vole le spectacle, avec sa voix très british apportant de la classe ironique à son rôle et qui à la fin devient le tueur de vampires qu’il joue à la TV. Son rôle d’animateur TV rappelle l’icône des années 80 Sinister Seymour, interprétée par l’acteur Larry Vincent, qui anima le spectacle appelé “Fright Night” qui diffusait des films d’horreur et de science-fiction à petit budget tard dans la nuit sur KHJ-TV et sur KTLA, deux stations locales de télévision de Los Angeles entre 1969 et 1974. Quand Vincent décéda,  il fut remplacé par Elvira : Maîtresse des Ténèbres et le spectacle fut rebaptisé “Film Macabre”.

Tom Holland embrasse les mythologies vampires les plus banales en respectant l’institution, mais innove grâce à son humour “surnaturel” et ses nouvelles conceptions du maquillage. La métamorphose d’Ed Thompson (dit le démon) est la scène du film la plus inquiétante, alors qu’il se change de loup à homme sous le regard horrifié, étonné puis attristé de Peter Vincent, (un sacré jeu d’acteur dû au talent de McDowall).

Avec des cinéastes comme John Landis, Joe Dante et Fred Dekker, Holland appartient à une liste restreinte de réalisateurs des années 1970 et 1980 dont le savoir-faire dans le genre a permis de créer des comédies d’horreur post-moderniste inoubliables. “Vampire, vous avez dit vampire?” a gagné sa place au panthéon des plus drôles, des plus intelligentes et des plus divertissantes d’entre-elles.

Voir sur YouTube : “Vampire vous avez dit vampire Bande annonce” par triskell44560

Film – Série Noire Pour Une Nuit Blanche (1985)

Ce thriller (Prix spécial du jury au palmarès du 4e Festival du film policier de Cognac en 1985) est véritablement original et met en scène Jeff Goldblum en mari insomniaque et cocu qui prend la fuite avec une femme fatale improbable, Michelle Pfeiffer. Glamour et mort violente co-existent à la perfection dans ce polar de bande dessinée qui fonctionne comme un rêve. Ce film réunit une pléthore de réalisateurs célèbres jouant des petits rôles, parmi lesquels John Landis lui-même (interprétant le chef d’un clan d’assassins iraniens, un type débile et particulièrement gaffeur qui ne cesse de hurler), Roger Vadim (un méchant nommé «Monsieur Melville»), David Cronenberg (en tant que patron de Goldblum), Lawrence Kasdan et Jonathan Demme (comme officiers de police). On retrouve aussi des célébrités telles Irène Papas (en patronne des truands iraniens), le chanteur David Bowie (en très jovial tueur à gage britannique) mais aussi Jim Henson, Vera Miles et Dan Aykroyd… La musique est signée B.B. King.

Goldblum joue Ed Okin, un ingénieur aérospatial qui est frappé par une sorte de malaise existentiel difficile à définir. Il surprend sa femme au lit avec un autre homme. Dans la nuit sans vraiment savoir pourquoi, sa destinée s’enchevêtre avec la vie complexe de Diana (Pfeiffer), contrebandière de bijoux qui a des connexions avec l’industrie cinématographique et qui se retrouve confrontée à de graves problèmes quand elle passe clandestinement des joyaux qui appartenaient autrefois au Shah d’Iran.

Ce film est l’exemple fascinant du neo noir, qui sortait dans les années 80 bien qu’il ait en fait une fin ayant la fraîcheur des années 70. Dans une ambiance nuancée où la palette de couleur se veut discrète, il commence en douceur. Le film débute par la vie sans intérêt d’Ed où nous partageons sa routine d’ingénieur insomniaque pendant plus d’un quart d’heure. Cela peut éloigner certains téléspectateurs, mais ce serait dommage car cet effet est voulu pour offrir un contraste avec ce qui se produit quand Diana débarque dans la vie d’Ed tel un ouragan, car à ce moment là tout change, y compris le rythme.

Ce film est souvent très drôle et c’est un bon divertissement (comme le classique de Landis “Le loup-garou de Londres”, sorti en 1981) ; ce genre un peu hybride au langage parfois ordurier, parfois violent aussi (on se retrouve avec au moins 12 cadavres sur les bras à la fin de l’histoire), va de pair avec une histoire de plus en plus surréaliste et qui se termine dans un clap de fin encore plus incroyable à l’aéroport de L.A. Le scénario n’est pas sans rappeler celui de “Body Double” tourné par Brian De Palma un an plus tôt, qui raconte lui aussi l’histoire d’un looser trompé par sa femme et sans vrais amis, qui va vivre un cauchemar éveillé à la suite d’une rencontre avec une mystérieuse jeune femme.

Le mélange de comédie et de drame peut être si difficile à réaliser qu’il est rarement utilisé dans un cadre réaliste. Mais ici, il est complètement réussi, nous fournissant une sorte de version noire de ces comédies classiques comme “Bringing Up Baby” et “The Lady Eve” dans laquelle les femmes d’argent gâchent la vie d’hommes débonnaires et placides qui tardent à réaliser qu’en fait, ils cherchent à mettre un peu de piment dans leur vie. “Série noire pour une nuit blanche” essaie de préserver un tout cohérent, et contre toute attente y parvient admirablement.

Réalisateur : John Landis
Producteur : George Folsey Jr.
Scénario : Ron Koslow
Image : Robert Paynter
Direction artistique : John J. Lloyd
Musique : Ira Newborn et BB King
Réalisé par : Laurent Kandry, David Kaulin, David Kaplan

Voir sur YouTube : “Bande-annonce (Trailer) Série noire pour une nuit blanche (Into The Night) VOSTFR HD” par elephantfilms

Film – Zardoz (1974)

“Zardoz” de John Boorman, bien qu’il n’ait pas eu de succès à sa sortie, est devenu indiscutablement un film culte pour les amateurs de science-Fiction. C’est un voyage dans un avenir imaginé avec talent par John Boorman où se côtoient minimalisme apaisant et avant-gardisme psychédélique. Il se déroule dans l’Irlande de 2293 qui ressemble exactement aux fabuleux espaces de l’Irlande d’aujourd’hui, jusqu’à ce que vous pénétriez à l’intérieur du Vortex. Là, soudain, apparaissent des décors paisibles, des salles de réunion futuristes ainsi que de belles personnes juvéniles vêtus de costumes aux couleurs chatoyantes.

Ce sont les Eternels. Ils ne mourront jamais parce-qu’il ne le peuvent pas. Chaque fois qu’ils essaient, leurs corps sont implacablement restaurés par l’esprit informatique mystique qui dirige le Vortex (le Tabernacle, une sorte de cristal qui les relie télépathiquement tous entre eux ). Mais tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes: ils ne peuvent pas mourir, mais ils peuvent vieillir, et lorsqu’ils commettent des infractions aux règles de la communauté des Eternels, ils sont condamnés à vieillir de quelques années. S’ils ne brident pas leur pulsions rebelles, ils finiront peut-être par devenir des immortels séniles. D’autres souffrent d’un mal inguérissable : l’apathie. Bref, ce n’est pas la joie.

En dehors du Vortex, une civilisation barbare survit. Les Esclaves cultivent la terre et rassemblent les récoltes, dominés par des maîtres sadiques (les Brutes) qui leur courent après pour les exterminer afin de réguler la population excédentaire. Un de ces barbares est Zed, joué par Sean Connery qui tient ici à la perfection le rôle paradoxal d’une “brute cultivée”. Un jour, dans son passé, Zed trouve un livre d’alphabet d’enfant. Il apprend à lire, puis dévore frénétiquement le contenu de bibliothèques entières. Il lit notamment “Wizard of Oz”, livre dans lequel Frank Baum évoque un magicien imposteur derrière son masque. Fort de cette idée et voulant le démasquer, Zed s’introduit clandestinement à bord du gigantesque vaisseau de pierre en forme de masque contrôlé par Arthur Frayn (le maître des “terres extérieures” connu par les Brutes sous le nom de Zardoz). Celui-ci s’en sert pour récupérer les récoltes des esclaves qui nourrissent les Eternels mais aussi pour distribuer des armes aux Brutes afin qu’elles exterminent l’excédent d’esclaves. Ainsi, Zed accède au vortex n° 4 où il devient spécimen d’étude, parce que les Eternels en perdant la capacité de mourir sont également devenus impuissants et sont condamnés à vivre l’éternité sans désir. Zed, (qui n’a pas ce problème et représente un modèle d’étude pour comprendre l’évolution des Brutes dans le monde extérieur) va passablement perturber les rouages de leur monde réglé jusque là comme une horloge…

Le film est talentueusement mené par Boorman, à qui l’on avait donné carte blanche pour réaliser un projet personnel après l’immense réussite commerciale et cinématographique du film “Delivrance.”

Boorman a réalisé ce film de science fiction et de Fantasy inspiré par le livre de Frank Baum, “The Wonderful Wizard of Oz”, en caressant l’espoir de prendre Burt Reynolds dans le rôle principal. Mais avant que la production ne puisse commencer, Reynolds dut être hospitalisé des suites d’un ulcère et par la suite subir une convalescence prolongée. Boorman envoya le manuscrit à Sean Connery. Quand l’acteur lut le script, il fut étonné par son originalité et comme il en fit part à Gordon Gow en 1974 : “C’était l’une des meilleures idées que j’avais vu depuis des lustres… Donc, le week-end suivant, je me suis rendu en Irlande pour me préparer au tournage. Ce qui me préoccupait surtout, c’était d’imaginer le mode de vie des gens dans l’existence future, par opposition aux vaisseaux spatiaux, aux armes futuristes et tout le reste … […] … ce qui m’intéresse, c’est le développement possible de la société dans les siècles à venir. La façon dont les différents intervenants (les Brutes, les Esclaves et les Eternels) évoluent dans le script est intrigante et rafraîchissante, et ce monde pourrait bien un jour devenir réalité.”

Ce film baroque mais génial aurait pu nuire à la carrière d’un acteur de moindre envergure, mais Sean Connery joue son rôle avec bonheur et talent et à ce jour le compte comme l’un de ses préférés. Connery accepta d’être payé “seulement” 200 000 $ – un sixième du cachet qu’il avait perçu pour “Diamonds Are Forever”, et cela sans même tenir compte de l’inflation!

Réalisation : John Boorman
Interprétation :
Sean Connery – Zed
Charlotte Rampling – Consuella
Sara Kestelman – May
John Alderton – Friend
Sally Anne Newton – Avalow
Niall Buggy – Arthur Frayn “Zardoz”
Bosco Hogan – George Saden
Jessica Swift – l’apathique
Bairbre Dowling – Star
Christopher Casson – le vieux scientifique
Reginald Jarman – la Mort
Ecriture : John Boorman
Production : John Boorman
Montage : John Merritt
Photographie : Geoffrey Unsworth
Musique : David Munrow
Costumes : Christel Kruse Boorman
Décors : John Hoesli
Casting : Miriam Brickman
Maquillage/coiffure :
Colin Jamison – styliste coiffure
Basil Newall – artiste maquillage
Chef décoration : Anthony Pratt
Son : Jim Atkinson
Effets spéciaux : Gerry Johnson
Musique non-originale : Ludwig van Beethoven – extrait de la “7e symphonie”

Voir sur YouTube : “Trailer for Zardoz (1974)” par tubesoda’s channel

Film – Vincent, François, Paul… et les autres (1974)

C’est un peu le précurseur des films mettant en scène la “bande de copains” – un genre qui fera des émules avec “Un éléphant ça trompe énormément” (1976) et “Nous irons tous au paradis” (1977) d’Yves Robert ou “Mes meilleurs copains” (1989) de Jean-Marie Poiré. Vincent, François, Paul… et les autres est un film de Claude Sautet sorti en 1974, qui est inspiré du premier roman de l’écrivain et scénariste Claude Néron (1926-1991), La Grande Marrade, publié en 1965.

Dans les rôles principaux du film de Claude Sautet, on retrouve Yves Montand (Vincent), Michel Piccoli (François), Serge Reggiani (Paul), et un jeune acteur plein de talent mais encore peu connu, Gérard Depardieu (Jean). Parmi les rôles féminins, on trouve l’actrice Marie Dubois (qui joue le rôle de Lucie, la femme de Paul) décédée en 2014 à l’âge de 77 ans. Elle est partie rejoindre Vincent et Paul.

A l’époque le film reçut un accueil mitigé des critiques : dans la France post 68, il semblait trop “bourgeois” – aujourd’hui on dirait trop “bobo”. Au fond, le thème du film n’est pas l’amitié, mais plutôt l’usure, l’échec, la fin d’une période opulente, les épreuves qui rapprochent et nourrissent l’amitié. Les personnages de Claude Sautet sont pour lui « en état de survie par rapport à la plénitude dont ils avaient rêvé. »

La mélancolie du propos trouve écho dans la mise en scène et l’ambiance donnée au film : une maison de campagne, une lumière douce mais pâle, un soleil d’hiver. L’inoubliable thème de Philippe Sarde (inspiré des six premières notes du standard américain In The Still of the Night) renforce ce sentiment de spleen. Claude Sautet confiera à François Truffaut à propos du film : « La vie est dure dans les détails mais elle est bonne en gros».

Gilles Jacob résume justement : « Si le film de Claude Sautet nous bouleverse à ce point, c’est que nous sommes tous des Vincent, des François et des Paul. Des Vincent, surtout, sur qui s’amoncellent les menaces. Nous craignons pour nos vies, pour ce cœur qui broute et réveille en nous la seule question majeure : la peur de mourir. Toute l’émotion et la leçon du film sont dans cette image crépusculaire de Vincent, frileusement blotti entre le parapluie de la sagesse et le compte-gouttes de la solitude. Quelle mélancolie. » (L’Express, 30 septembre 1974)

Réalisation : Claude Sautet
Scénario : Jean-Loup Dabadie, Claude Sautet, Claude Néron, d’après le roman La Grande Marrade de Claude Néron
Photo : Jean Boffety
Musique : Philippe Sarde
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : Théobald Meurisse
Costumes : Georgette Fillon
Production : Raymond Danon, Roland Girard, Lira Films, President Produzioni
Interprètes : Yves Montand (Vincent), Michel Piccoli (François), Serge Reggiani (Paul), Gérard Depardieu (Jean), Stéphane Audran (Catherine), Marie Dubois (Lucie), Ludmila Mikaël (Marie), Antonella Lualdi (Julia).

L’Histoire :

Trois amis d’enfance à l’approche de la cinquantaine, Vincent, François et Paul se retrouvent chaque dimanche à la campagne avec leurs problèmes d’argent et de couple. Vincent, petit industriel, est endetté jusqu’au cou et sa maîtresse l’a plaqué. Son adjoint Jean, boxeur amateur, prépare un match qui devrait décider d’un possible avenir professionnel. François, médecin réputé, avide d’argent et dévoré par l’ambition, est trompé par sa femme Lucie qui lui reproche d’avoir trahi son idéal de jeunesse. Quant à Paul, écrivain, il est en panne d’inspiration. Chacun va prendre conscience de l’importance relative de ses problèmes lorsque Vincent fait une crise cardiaque. Guéri, il redeviendra salarié, en rêvant que sa femme, Catherine, lui revienne. Lucie part avec les enfants, mais les rencontres dominicales reprendront…

Voir sur YouTube :  “Vincent, François, Paul… et les autres (1974) – Trailer” par Flame Flamable

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