Film & Livre – Le grand blond avec une chaussure noire (1972)

Le film : 

Le Grand Blond avec une chaussure noire est un film du réalisateur Yves Robert, déjà connu dans le domaine de la comédie populaire pour son long métrage à succès “Alexandre le bienheureux” sorti en 1967, dans lequel Pierre Richard avait obtenu son premier rôle notable. Ce film dont l’inoubliable générique de Vladimir Cosma est interprété à la flûte de pan par le musicien Gheorghe Zamfir, est resté au sommet du panthéon des comédies hexagonales. Il a été récompensé par l’Ours d’argent au 23e Festival international du film de Berlin en 1973. Un remake américain “The man with the Red Shoe” réalisé par Stan Dragoti, fut tourné en 1985 avec Tom Hanks comme protagoniste.

L’histoire : 

La direction des services secrets français est en guerre interne : l’actuel chef, Toulouse (Jean Rochefort) flanqué de son fidèle Perrache (Paul le Person), est mis en cause par son adjoint, le colonel Bernard Milan (Bertrand Blier) dans une affaire d’agent double. Celui-ci convoite son poste de directeur des services secret et pense utiliser cet incident pour l’écarter. Pour se protéger, et faire simultanément tomber Milan, Toulouse élabore un plan tordu : il demande à Perrache, de choisir un pigeon dans la foule de l’aéroport d’Orly et de faire croire à Milan qu’il s’agit d’un redoutable agent secret, tenu jusqu’alors anonyme. Le pigeon trouvé par Perrache est un jeune violoniste étourdi, François Perrin (Pierre Richard), choisi à l’arrivé de son vol parce qu’il portait des chaussures de couleurs dépareillées. Milan se fait prendre au “piège à con” de Toulouse. Perrin est dès lors en permanence traqué, observé et écouté à son insu par les hommes de Milan, qui se mettent à interpréter chacun de ses faits et gestes, qui sont souvent maladroits ou anodins, comme faire du vélo avec son meilleur ami Maurice (Jean Carmet) ou coucher accessoirement avec sa femme Paulette (Colette Castel). Pour corser le tout, deux agents de Toulouse, Poucet (Jean Saudray) et Chaperon (Maurice Barrier), surveillent le spectacle. Poussé à bout, Milan décide de faire intervenir son agent d’élite, Christine (Mireille Darc) une superbe blonde chargée de séduire le violoniste et de l’amener à se trahir…

Le grand blond avec une chaussure noire est (très librement) inspiré d’un livre autobiographique de Igal Shamir : « La Cinquième Corde» (1971).

Igal SHAMIR, est né à Tel-Aviv en 1938, de parents émigrés. Attiré par la musique dès l’âge de 5 ans, Igal Shamir prend des cours de musique avec un professeur d’origine russe. À 8 ans, il donne son premier concert en public. Repéré par Yehudi Menuhin, il obtient, en 1958, une bourse au conservatoire Royal de Belgique. Prix du conservatoire de Bruxelles et de Genève, il poursuit sa carrière d’interprète classique sur les scènes internationales. Dans les années 1970, il signe des enregistrements chez RCA et CBS.

Igal Shamir a aussi été pilote dans l’armée israélienne. Devenu violoniste de renommée internationale, ses succès ont fait de lui le précurseur de la musique néo-classique dans le domaine populaire.

“J’ai un jeu très personnel, très vigoureux: il y a de l’école russe mais aussi du pilote de chasse”, souligne Igal Shamir. En Suisse, le jeune homme fait vite fortune dans le négoce du café et du cacao et rencontre Georges Simenon qui l’encourage à écrire. “Je lui ai dit que mon vocabulaire tournait autour de 200 mots. Alors Simenon m’a dit: “J’ai mis 40 ans pour arriver à écrire avec 200 mots, vous les avez déjà, vous avez un avantage sur moi !”

Il arrive à Paris en 1968 sous les pavés. De rencontre en rencontre, il va devenir un familier des Pompidou. Il évolue dans le monde des affaires entre la France et la Suisse et acquiert une réputation sulfureuse. Lorsque des journalistes de Paris-Match le contactent, Shamir se dit que le seul moyen pour éviter les racontars sur sa vie de “violoniste espion”, est d’écrire son autobiographie. Shamir rédige ses mémoires sous le titre « La Cinquième Corde» et trouve un éditeur. Hélas, le manuscrit est impubliable en l’état. L’éditeur confie le manuscrit, pour le rewriter, à un ex-prix Goncourt, mais le résultat n’est pas plus satisfaisant. Alors Shamir téléphone à Simenon qui l’adresse à son éditeur (Les Presses de la Cité). Ils sont d’accord à condition qu’il soit réécrit par un pro de la maison. Le livre marche, mais Shamir ne l’apprécie pas car pour lui, c’est du polar bon marché. La Paramount souhaite acheter les droits du livre «La Cinquième Corde» pour en faire un James Bond. Mais Shamir refuse de signer, au grand dam de son éditeur qui perd beaucoup d’argent. Plus tard, l’éditeur cède les droits du livre à condition que le titre soit changé. Au bout du compte, il en sort un film comique «Le Grand Blond avec une chaussure noire», expurgé de tous les souvenirs tragiques, avec Pierre Richard dans le rôle de Shamir.

Voir sur YouTube : “Le grand blond avec une chaussure noire – Bande annonce” par Gaumont

https://www.youtube.com/watch?v=8UsdFo6geb8

Film – Il était une fois la révolution (1972)

Le film :

Au Mexique, en 1913, Juan Miranda (Rod Steiger), un pilleur de diligences, s’associe avec Sean Mallory (James Coburn), un révolutionnaire irlandais ancien activiste de l’IRA et spécialiste en explosifs qui est recherché par les Britanniques. Juan tente de le convaincre de s’associer avec lui pour dévaliser la banque de Mesa Verde. Mais l’Irlandais préfère s’attaquer à une mine d’or avant de rejoindre l’armée révolutionnaire de Pancho Villa. Juan ira jusqu’à la dynamiter afin de forcer son compagnon à le suivre. Dans le train qui les conduit vers Mesa Verde, Miranda, démasqué par la police, est secouru par le docteur Villega, un partisan de Pancho Villa…

Le western Zapata :

Dès 1966, Damiano Damiani avait avec El Chuncho lancé le western Zapata, le western politique italien. Basé sur le thème de la révolution mexicaine, de l’exploitation des péons par les grands propriétaires, c’est aussi une réflexion sur l’utilisation de la violence par les masses. L’intrigue du western Zapata est souvent la même : un trésor, stock d’armes ou lingots d’or, à l’origine prévu pour financer la révolution mexicaine est convoité par des personnages aux motivations différentes qui vont essayer de s’en emparer moyennant alliances et contre-alliances motivées par l’appât du gain. Chaque personnage incarne une position politique. Il y a celui qui vient d’un pays occidental, un irlandais dans Il était une fois la révolution, un suédois dans campaneros, un américain dans El Chuncho, un polonais dans El mercenario. Il vient d’un monde riche et s’immisce dans la révolution. Il a pour alter ego le péon.

Ce film est le second volet de la trilogie des “Il était une fois…”, un brillant condensé de tout ce qui fait l’explosive vigueur du cinéma de Sergio Leone. Porté par les interprétations de James Coburn et Rod Steiger, ce film est un regard désabusé sur l’action révolutionnaire. A l’origine, Leone devait uniquement produire et scénariser le film. « J’en ai assez des westerns, je suis allergique aux chevaux » avait-il déclaré après le succès de Il était une fois dans l’Ouest. Mais le réalisateur Américain Peter Bogdanovitch, mascotte du Nouvel Hollywood fut très vite écarté par le maître italien, car sa vision était trop classique ; puis ce fut au tour de Sam Peckinpah ; les acteurs, perdant patience (notamment l’intraitable Rod Steiger), ils exigèrent que Leone assure la réalisation en personne ; il céda. Son film est parfois violent, mais porté par un tandem d’acteurs fabuleux : Rod Steiger (que Leone détestait) et James Coburn (qu’il adorait). Le film fut mal accueilli par la critique, comme souvent ce fut le cas pour le cinéma de Leone. Mais il est maintenant devenu un film culte.

Adieu Zapata, bonjour les fayots :

Ce film est le chant du cygne du wester Zapata. Dès 1970, les illusions révolutionnaires tombent et font place au “western fayot” avec la série Trinita incarnée par Terence Hill qui génère malgré lui le « western fayot », où tous les mythes de l’Ouest sont désacralisés dans une optique parodique et burlesque. Dans “On l’appelle Trinita”, Spencer, le shérif, est ronchon et dur, mais sa rudesse ressemble à celle d’un gros ours de BD. Terence Hill, qui incarne son frère, est un aventurier, un tireur exceptionnel qui sait se battre mais est plutôt paresseux de nature. Cette association fonctionnera à merveille puisque le tandem Spencer/Hill deviendra durant la suite des années 70, l’argument de vente d’une dizaine de westerns parodiques du même tonneau qui participeront au rayonnement de ce genre.

C’est aussi le chant du cygne de la révolution de la fin des années 60. Dans Il était une fois la révolution, Leone laisse percer sa déception au sujet de la révolution. C’est la scène culte de dispute entre Juan et Sean au sujet de la lucidité politique : Sean se trompe, la révolution sera toujours récupérée par les puissants. Un tel message choque les communistes italiens qui refusent que le film s’appelle Il était une fois la révolution. Leone le renomme ainsi Giù la testa (courbe l’échine). Aux USA, le titre devient Duck you sucker (Planque-toi connard) et, en Angleterre, A Fistful of Dynamite (Une poignée de dynamite). Seule la France garde le titre que Leone avait adopté au départ.

Voir sur YouTube : “Il était une fois la révolution (1972) bande annonce” par imineo Bandes Annonces

Oldtimer – Audi 100 Coupé S (1970-76)

Lancée en novembre 1968, la berline Audi 100 à traction avant connut un grand succès et gagna le paris qu’Ingolstadt s’était fixé : construire une petite Mercedes. Son moteur de 1,8 litres est repris de la Super 90, lancée deux ans plus tôt. Très réussi esthétiquement, le premier coupé Audi de haut de gamme (de l’après-guerre) connut un large et très mérité succès. Il aura une riche et brillante descendance.

Une ligne très élégante :

Présenté en septembre 1969, le coupé dérivé de la berline est commercialisé l’année suivante. Il s’agit d’une carrosserie quatre places, moderne, à la ligne fast-back très séduisante et à l’allure sportive qui évoque celle du coupé Fiat Dino de Bertone ou encore de l’Aston Martin DBS. Le moteur, réalésé à 1,9 litres et alimenté par deux carburateurs Solex, développe 115 ch DIN. Il est exclusivement monté sur le coupé, qu’il entraîne à 185 km/h. Le freinage est assuré par un double circuit assisté, avec disques à l’avant.

Un grand succès commercial :

La gamme Audi 100 est réorganisée en 1971, et le coupé partage désormais sa mécanique avec la berline haut de gamme GL. Le moteur perd son deuxième carburateur, et la puissance est très légèrement réduite. Mais le couple est amélioré, tandis que la consommation est, surtout, considérablement réduite. Une direction assistée est enfin proposée en option ainsi qu’une boîte automatique à trois vitesses, d’origine Volkswagen (pour le marché U.S.). En 1976, l’Audi 100 subira un important lifting et recevra le nouveau moteur à 5 cylindres. Au total, 827.474 exemplaires de la première génération de 100 auront été construits, dont 30687 coupés.

Caractéristiques :

Dimensions : Longueur : 4 400 mm. Empattement : 2 560 mm. Moteur : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes en tête ; Position : longitudinal en porte-à-faux AV. Alimentation : 2 carburateurs 32 TDID Solex. Cylindrée : 1871 cm3 ; Alésage x course (mm): 84,0 x 84,4. Puissance maxi : 115 ch à 5500 tr/mn. Transmission : AV. Poids : 1100 kg. Performances : Vitesse maxi (km/h): 185 ; 0 à 100 km/h: 10″

Prix du neuf en 1970 : 32.700 Francs soit 36857 € avec 640% d’inflation sur la période.

Cote actuelle : L’Audi Coupé 100 S devient de plus en plus rare depuis que les youngtimers sont devenus à la mode;  il y a quelques mois, on en trouvait encore à 7000 €. Mais à ce prix là, elles partent vite. C’est pourtant un prix réaliste puisque son niveau d’équipement, ses performances et son esthétique la plaçaient en queue de peloton des trois fastbacks vintage européens des 70’s.

Album – Creedence Clearwater Revival – Mardi-Gras (1972)

John Cameron Fogerty est né le 28 mai 1945 à Berkeley en Californie. Entouré de ses frères, Fogerty a développé ses premières capacités musicales sur le piano familial et a reçu sa première guitare à l’âge de 12 ans. À 14 ans, il a formé un groupe appelé les Blue Velvets avec deux camarades de classe, le batteur Doug Clifford et le bassiste Stu Cook. Le frère aîné de Fogerty, Tom, a finalement rejoint le groupe en tant que guitariste rythmique et co-vocaliste.

Renommé Golliwogs après avoir signé chez Fantasy Records en 1964, le groupe a eu un petit succès local avec “Brown Eyed Girl” en 1965. John Fogerty part sous les drapeaux peu de temps après en 1966, et ses exercices de réserviste militaire ont été apparemment un catalyseur pour sa créativité artistique. Plus tard, il retrouve son groupe avec une attention renouvelée pour l’écriture, et le groupe devient Creedence Clearwater Revival. « Creedence » est un clin d’œil à un ami de John Fogerty : Credence Nuball ; « Clearwater » est une référence à un slogan dans une publicité télévisuelle de l’époque vantant une marque de bière et surtout, leur engagement écologique ; « Revival » pour conjurer leur passé de Golliwogs et pour indiquer leur nouvelle orientation musicale centrée sur les racines du blues.

Le Groupe : 

À une époque où le rock évoluait loin de ses racines, le Creedence Clearwater Revival a retrouvé les fondamentaux avec sa synthèse concise de Rockabilly, Swamp Pop (pop de marais originaire de la Louisiane), R & B, et Country.  Le groupe est né à Berkeley, près de San Francisco, à la fin des années soixante. Son leader, John Fogerty était un ardent revivaliste du rock and Roll. Sa voix aux inflexions superbes, à la Little Richard et les riffs tranchants de son jeu de guitare valurent au groupe de se faire une belle réputation dépassant largement la région de la baie. Malheureusement, celui-ci se sépara en 1972, après quelques immenses succès. Leurs disques retracent l’aventure de ces musiciens qui ont, en leur temps, réveillé leurs compatriotes de leur léthargie chronique. Des morceaux superbes, inoubliables, enlevés par des instrumentistes pour qui le mot feeling est une réalité, vécue au bout de leurs doigts. C’était un retour surprise du vrai rock and Roll, dans la planète des babas cool.

Creedence Clearwater Revival fut un phénomène américain. De 1968 à 1972, ils ont dominé la radio FM et AM – un exploit inhabituel – avec une série prolifique de singles glorieux (“Suzie Q”, “Proud Mary”, “Bad Moon Rising”, “Green River”, “Fortunate Son”, “Up Around The Bend”). Déjà en 1969, ils avaient gagné trois disques de platine, avaient sorti trois albums acclamés (Bayou Country, Green River, Willy and The Poor Boys), et joué à Woodstock et dans la plupart des grands festivals. À la fin de 69, Creedence aurait pu prétendre être le plus grand groupe des U.S.A. Au milieu de 1970, ils auraient pu élargir les paramètres et aspirer à devenir le plus grand groupe mondial, puisque les Beatles, leur seule véritable concurrence en termes de ventes, n’existaient plus. Mais leur succès resta localisé aux USA et n’aura duré que quatre ans.

“Creedence a emporté l’Amérique comme une tempête”, explique Jake Rohrer, leur ancien attaché de presse et directeur artistique. “Ils couvraient un champ démographique extrêmement large. Aux concerts de Creedence, vous pouviez voir des préadolescents, des grands-parents et littéralement toutes les générations intermédiaires.» Ceux de leurs fans qui leur envoyait les courriers les plus enthousiastes étaient des soldats américains stationnés au Vietnam ou des détenus de prisons fédérales. “Leur créativité n’a apporté rien de nouveau à la culture”, précise M. Rohrer. “Ce qu’ils ont fait, c’était simplement rappeler aux Américains d’où ils étaient venus”.

L’art de Creedence n’était ni cosmique ni complexe. Leur musique était chaude, avec une dynamique constante et hypnotique grâce à la guitare rythmique de Tom Fogerty. Paradoxalement, leurs chansons étaient hantées par l’anxiété et les prémonitions – des lunes malveillantes et des pluies bibliques – un mélange étonnant de prédicateur calviniste et de météorologue pessimiste. En écrivant pendant que les corps tombaient dans une guerre lointaine, John Fogerty a composé des allégories sur un conflit qu’il condamnait, mais dans lequel paradoxalement, il aurait pu se trouver.

“Creedence a fait de la musique pour tous les fans de Tom Sawyers et Huck Finns”, a déclaré Bruce Springsteen, lors de leur introduction au Rock And Roll Hall of Fame en 1993.

Les Disques : 

Creedence Clearwater Revival (1969) : Leur premier album éponyme se vendit peu au départ. Son titre vedette était “Suzie Q”, une version de huit minutes d’un morceau datant de 1957 joué par le rocker Dale Hawkins. Fogerty n’aimant pas les longs solos, il étirait péniblement son jeu de guitare tandis que le trio rythmique de Creedence posait un sublime boogie lent. Une version sortit en single, et fut reprise par la radio AM atteignant la 11ème place dans les charts.

Bayou Contry (1969) est le deuxième album du groupe Creedence Clearwater Revival. Il a été produit par John Fogerty. De cet album est extrait le single “Proud Mary” le premier grand tube du Creedence. Il aurait pu être N° 1 dans les charts américains en 1969 s’il n’y avait pas eu l’arrivée prolifique de la pop bubblegum avec Tommy Roe et son fameux “Dizzi”.  “Bad Moon Rising” (1000.000 de ventes) l’a suivie lui aussi à la deuxième place. Puis “Green River”, encore N°2 derrière The Archies avec “Sugar Sugar” – un autre géant de la pop bubblegum – en Septembre.

Green River (1969) est produit par John Fogerty et Saul Zaentz. Cet album a été classé 95e sur la liste des 500 plus grands albums de tous les temps selon le magazine Rolling Stone. Le titre “Bad Moon Rising” fut utilisé dans le film de John Landis Le Loup-garou de Londres.

Willy and the Poor Boys (1969) est produit par John Fogerty. Le titre “Fortunate Son” est utilisé dans les films : Forrest Gump et Die Hard 4 : Retour en enfer.

Cosmo’s Factory (1970) : est le cinquième album du groupe Creedence Clearwater Revival, sorti en 1970. Produit par John Fogerty, cet album est une réussite commerciale avec des singles comme “Run Through the Jungle” et “Lookin’ Out My Back Door” et a rapidement atteint les premières places des ventes.

En 1969-70, John Fogerty était sans doute le compositeur le plus sociopolitique de l’Amérique depuis Dylan. Demandez à Fogerty l’origine de n’importe laquelle de ses chansons et il donne rapidement sa réponse en fonction de l’époque. “Effigie” (sur Willy and the Poor Boys) était sa réponse au président Nixon lorsqu’en sortant de la Maison Blanche un après-midi il se moqua des manifestants anti-guerre. (Il avait dit: “Rien de ce que vous faites ici aujourd’hui n’aura d’effet sur moi. Je rentre chez moi pour regarder le match de football.”) “Fortunate son “, était une attaque contre les iniquités de la société américaine quand des hommes riches appelaient les faveurs des hauts gradés pour épargner le combat à leur progéniture privilégiée sur le front du Vietnam. “Run Through The Jungle” met en garde contre un autre type de prolifération des armes – cette fois-ci à la maison – bien que son message favorable au contrôle des armes, exprimé dans la métaphore comme la plupart des chansons Fogerty, n’a pas cessé d’être adopté comme hymne par les troupes américaines dans la jungle du Vietnam.

Pendulum (1970) : Cet album produit par John Fogerty contient de nouveaux instruments, du piano et du saxophone qu’il joue lui-même, contrastant avec les albums précédents. Il contenait le fameux titre “Have You Ever Seen the Rain?” écrit au sujet du départ imminent de Tom Fogerty.

Mardi Gras (1972) est le dernier album du groupe Creedence Clearwater Revival. En 1970, la discorde au sujet du contrôle étroit de John Fogerty sur la création et la gestion financière du groupe s’aggrava brusquement et Tom quitta le groupe peu de temps après la sortie de Pendulum. L’album studio 1972, Mardi Gras, fut mal reçu, et CCR s’est dissous plus tard dans l’année. Quoiqu’on en dise, c’est pourtant un excellent album qui est bourré de pépites comme : “Lookin’ for a Reason” ; “Tearin’ Up the Country” ; “Someday Never Comes” ; “Hello Mary Lou” ; “Sweet Hitch-Hiker”. Il a été produit et écrit par les trois membres restants.

Engagé dans des conflits juridiques après la dissolution de CCR, John Fogerty a néanmoins connu un succès solo avec ses albums Centerfield (1985) et Blue Moon Swamp (1997).

Voir sur YouTube : “Sweet Hitch Hiker – Creedence Clearwater Revival” par kvs123

Série TV – Amicalement Vôtre (The Persuaders!) (1971-72)

Le scénario de la série était d’une grande simplicité : un duo constitué de deux playboys fortunés mais désœuvrés (un millionnaire américain, Danny Wilde, issu des bas quartiers New Yorkais, et un aristocrate britannique, Lord Brett Sinclair, rentier de profession). Ils guérissent de leurs accès de crises d’ennui récurrentes, en prenant en chasse les criminels débusqués par le juge Fulton, un magistrat à la retraite. Ils n’hésitent jamais a s’engager dans une aventure tant qu’il y a du danger et une jolie fille à la clé. Chaque épisode est tourné sur un fond de somptueux paysages européens dans un environnement de luxe, de gens célèbres et fortunés.

Robert S Baker, le producteur du Saint, aimait les films de copains et la screwball comedy (une comédie loufoque, sorte de sous-genre de comédie hollywoodienne. Elle tire son nom de l’argot américain où screwball désigne un individu au comportement étrange voire excentrique). Ce genre de films lui a donné l’idée du feuilleton “Amicalement Vôtre”. Il est allé trouver le producteur TV Lew Grade, qui lui a dit: «Allez au USA et trouvez-moi un acteur.” Rock Hudson n’était pas intéressé, ni Glenn Ford. Puis le nom de Tony Curtis a été évoqué. Mais son agent était sceptique. Grade a pris un vol vers Los Angeles pour une réunion dont Curtis se souvient encore. Curtis a demandé: «Excusez-moi, monsieur, comment dois-je vous appeler? Lew a répondu : “Si vous faites cette série, vous pouvez m’appeler comme vous voulez”. Dès ce jour-là, nous avons eu les meilleures relations possibles, il m’a beaucoup aimé, j’étais un franc-tireur, je n’ai pas fait les choses comme elles étaient prévues.

Embaucher Curtis était le moindre des problèmes de Grade. Décrocher Moore comme acteur était une autre affaire. Il avait juré de laisser tomber la télévision après sept ans de tournage sur le Saint. «J’ai reçu un appel de Lew qui m’invitait à passer à son bureau,» dit Moore. “Quand je suis arrivé, il a dit: « Bien, nous allons faire The Persuaders!” J’ai dit: «Mais Lew, je ne veux plus faire de télévision.” Il a dit: «Écoutez, le pays a besoin d’argent. La reine, pensez à votre reine, elle a besoin d’argent”. Il était très difficile de dire non à Lew parce que si commenciez à discuter, il vous enfonçait un cigare dans la bouche.

Moore a d’abord rencontré Curtis chez lui, à son domicile d’Hollywood. On lui avait dit de ne pas fumer (Curtis était un porte-parole du lobby anti-tabac américain). «Je fumait comme un idiot à l’époque», dit Moore. “Une heure plus tard, je lui ai dit : “Cela vous dérange si je fume? ” Tony a ouvert toutes les fenêtres de la pièce, a allumé un ventilateur et a posé sur mes genoux un gros bouquin sur les horreurs du cancer du poumon. J’ai arrêté de fumer deux jours après.

Ironiquement, quand Curtis est arrivé en Angleterre, il a été pris en possession de marijuana, ce qui a abouti à un sacré tapage médiatique. En retournant chez lui, Bob Hope plaisantait en disant de lui “qu’il faisait encore des boucles autour de l’aéroport de Londres trois mois après qu’il fut censé atterrir.” J’ai gardé les coupures de journaux et les ai mises dans un album,” dit Moore. «Je l’ai donné à Tony et l’ai intitulé « Comment se faufiler dans un pays sans que personne sache que vous êtes là ».

Cette rivalité ludique a continué tout au long de la réalisation de la série et a imprégné les personnages. Beaucoup a été écrit sur la relation de Curtis et Moore dans “Amicalement Vôtre”, le consensus étant qu’ils ne pouvaient pas se supporter. Mais Curtis dément. “Ce que vous avez vu à l’écran, c’est ce que nous étions … Le plus formidable quand on travaille avec Roger, c’est qu’il n’y a pas de guerre d’ego. Pour moi, son comportement autant que son attitude étaient excellents. Personne n’est mieux que Roger.”

Les deux stars ne devinrent jamais des amis proches car ils étaient trop différents : Moore accommodant et décontracté, Curtis volatile et capricieux. “Ils n’étaient pas de grands copains,” dit George Baker, qui est apparu comme star invitée dans la série. Tony venait souvent dans mon pub de la rue Lower Belgrave pour passer une heure à discuter, puis il allait faire la fête, mais c’était un homme très gentil et un acteur merveilleux.

Cet aspect de la vie de Curtis a peut-être agacé le côté conservateur de Moore et parfois il a même affecté le travail lui-même, comme le révèle Robert S Baker. “Tony pouvait être épineux, il arrivait le matin d’humeur orageuse, tenant tout le monde à l’écart, puis il descendait de sa loge une demi-heure plus tard après avoir fumé quelques joints et embrassait l’assemblée. Tant que Tony fumait des joints, il était agréable, mais quand il ne fumait pas, il pouvait être très difficile, et il fallait toujours le prendre avec des gants.

Malgré leurs personnalités contrastées, Moore et Curtis étaient irrésistibles en tant que duo à l’écran. Souvent, ils avaient des scènes d’improvisation, augmentant le degré d’humour que Curtis, en particulier, estimait important. “Le spectacle avait besoin d’une touche de comédie, alors j’inventais des plaisanteries. Une fois, Sinclair était vêtu d’une robe de velours et de son épitoge herminée, la tenue pour se rendre à la chambre des Lords, et je devais lui demander : “Où vas-tu?” Je ne l’ai pas fait, j’ai dit à la place: “Veux-tu m’épouser?” C’était le genre de réplique que j’aimais faire, et ça marchait”.

Ces merveilleuses touches d’humour ont créé la légende de la série! Et c’était le but du producteur Baker. Il ne voulait pas d’un thriller pur et dur, dit-il. “Dans le premier épisode, vous avez ces deux gars se querellant sur la quantité d’olives nécessaire dans un verre d’alcool. Vous ne pouvez pas prendre cela au sérieux”.

Une grande partie de l’intérêt d’ “Amicalement Vôtre” vient aussi des hôtels et restaurants de luxe fréquentés. Et, bien sûr, des supercars. «Il y a un gars dans un Aston Martin DBS et l’autre gars dans une Ferrari Dino,» dit Curtis. “C’est mieux que d’être dans un bus Volkswagen!” Puis il y a les larges revers, les chemises à volants et les gros foulards. Moore a même conçu ses costumes lui-même. “Je discutais avec mon tailleur de différentes choses, fondamentalement classique, mais en essayant d’apporter un regard des années soixante-dix. Je pense que cela a fonctionné. J’ai pris des parts dans la série pensant que nous allions éventuellement en développer certains aspects commerciaux, mais je suis si paresseux que je n’ai jamais rien fait. J’aurais pu être Beckham avant Beckham. »

“Amicalement Vôtre” s’efforça d’éloigner tout soupçon d’attraction homosexuelle entre ses deux leaders en faisant intervenir des stars féminines. Celles-ci incluaient Joan Collins et Susan George, qui ont servi un peu plus que de victimes impuissantes attendant d’être secourues. Après tout, avec Curtis et Moore, vous aviez deux des plus grands symboles sexuels de l’époque. «Nous avons partagé toutes les femmes que nous avons rencontrées», ironise Curtis. «Il y avait un compromis à la fin de la semaine. Nous avons passé un bon moment.»

Avec un coût de 2,5 millions de £, “Amicalement Vôtre” fut la série britannique la plus chère de cette époque. «Le budget était très important», confirme Baker. «Principalement parce que nous avions deux stars, vous pourriez faire une série rien qu’avec leur salaire. Chaque épisode a pris environ 12 jours à faire et il y avait toujours une atmosphère amusante dans l’ensemble. «On n’aurait pas pu tourner autrement», dit Curtis. «Mais il y avait de la pression pour les tourner plus vite et faire des économies. «Nous avons réalisé 24 films de 50 minutes en 18 mois, et j’ai aimé Londres, je suis devenu un vrai Anglophile et m’y suis fait des amis fabuleux comme Paul McCartney. Il nous nous a permis d’assister à quelques concerts de rock. J’ai passé d’excellents moments.»

Quand “Amicalement Vôtre” a  débuté en 1971, la série n’a pas marché aux U.S.A. «Cela n’a pas fonctionné», explique Moore. «Mais ça a marché dans le reste du monde, en particulier en Europe. Ils me disaient toujours en Allemagne : “Mon dieu, nous avons rendu cette série si drôle”. Je disais: «Que voulez-vous dire par vous l’avez rendu drôle? C’était marrant. “Oh non, disaient-ils. C’est le doublage qui l’a rendu drôle”.

Malheureusement, aux États-Unis, seuls 20 des 24 épisodes ont été diffusés. Curtis croit que c’était parce qu’il ne sont pas passés en prime time. “Ils l’ont passé à 21h ou 22h, ça les embêtait, ces idiots de chez ABC, ils pensaient qu’ils savaient tout. Ils étaient trop cons.”

Mais il n’était pas question que la série soit mise de côté. Selon Curtis, Grade voulait faire plus d’épisodes mais avec un budget moins élevé, ce qui signifiait la fin des tournages dans des coins glamours. “Roger et moi avons parlé et je pensais que ce n’était pas viable parce que n’allions pas faire une série du même niveau. Nous voulions voyager dans des endroits exotiques comme Hong Kong ou l’Amérique du Sud et prendre dans le tournage de belles filles du coin. Et vous savez que tous les pays ont de belles filles, mais ils ont fait une grosse erreur. On a accepté leur décision sans rechigner.”

Baker se rappelle les choses un peu différemment. “Lew voulait faire plus de Persuaders!”, Mais Roger n’a pas accepté. A cette époque, Roger avait eu l’offre de tourner James Bond. ” Grade a joué avec le remplacement de Moore, mais ils ont décidé d’en rester là. “Autrement, nous en aurions fait beaucoup plus”, révèle Baker. Ça aurait pu durer des années.

Depuis son arrêt, “The Persuaders!” est devenue l’un des souvenirs les plus apprécié de toutes les séries de télévision, sa popularité n’a pas disparu après plus de trois décennies. Les rumeurs ont persisté à propos des “Persuaders!” Un retour à la télévision, un remake grand écran, peut-être même Jamie Lee Curtis faisant équipe avec la fille de Moore, Deborah. «Ils avaient un certain nombre d’idées», dit Curtis. «Ils voulaient nous séparer Roger et moi, je devais travailler avec un jeune homme et laisser Roger travailler avec un plus jeune Danny Wilde, mais je suis content que la série ait pris fin comme elle l’a fait. Personne n’avait jamais vu ça. Et c’est ce que j’aime.”

Tony Curtis est décédé le 29 septembre 2010 à Henderson, Nevada, États-Unis

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Voir sur YouTube : “Amicalement Votre (Générique) – The Persuaders (opening)” par AgoraVoxFrance

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